Les manifestants protestent contre l’adoption, par la Belgique, du pacte mondial sur les migrations de l’ONU. / AP

De 5 000 à 6 000 membres de la droite et de l’extrême droite flamandes ont manifesté à Bruxelles, dimanche 16 décembre, contre l’adoption par la Belgique du « pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » des Nations unies. Cette « marche contre Marrakech » était organisée par les jeunes du parti d’extrême droite Vlaams Belang et une série de groupuscules, dont certains sont coutumiers d’actions violentes. Les slogans entendus appelaient à la démission du premier ministre, Charles Michel, et à la fermeture des frontières. Ils dénonçaient aussi « les rats de gauche » ainsi que les médias.

Des élus du Vlaams Belang participaient à l’action de protestation. Theo Francken, l’ex-secrétaire d’Etat à la migration, membre de l’Alliance néoflamande (N-VA), avait indirectement cautionné cette action en disant « comprendre » la « colère et la frustration » des protestataires. Dans le cortège on relevait la présence de quelques jeunes de la NV-A.

En désaccord avec Charles Michel sur l’adoption du « pacte de Marrakech », le parti nationaliste a quitté la coalition fédérale il y a une semaine et pourrait décider, mardi 18 décembre, lors d’un débat parlementaire, de faire chuter le gouvernement, désormais minoritaire, que le Mouvement réformateur libéral de M. Michel forme avec les libéraux et les chrétiens-démocrates flamands. M. Michel espérait éviter des élections anticipées en échappant à un vote de confiance à la chambre des députés. La N-VA semble décidée à forcer un scrutin avant la date prévue du 26 mai.

Eviter la confrontation avec les contre-manifestants

Le défilé de dimanche, qui rassemblait plus de monde que prévu, est parti de la Gare centrale de Bruxelles vers le quartier européen. Il s’est déroulé dans un calme relatif jusqu’à ce que des manifestants, rejoints par quelques casseurs habillés de noir en cagoulés, se présentant comme des hooligans des stades de football, jettent des barrières, des verres et des pierres sur les policiers. Au moment de la dissolution, ils tentaient aussi de s’en prendre aux bâtiments des institutions européennes, dont le Berlaymont, siège de la Commission.

Les forces de l’ordre ont répliqué en faisant appel à la cavalerie de la police fédérale et en utilisant arroseuses et grenades lacrymogènes. La police voulait aussi éviter une confrontation avec un millier de contre-manifestants, rassemblés dans une autre partie de la ville, à l’appel d’ONG, de syndicats, de groupements étudiants et de gilets jaunes « solidaires », opposés à la tentative d’instrumentalisation de leurs actions par l’extrême droite. Samedi, on avait noté la présence de militants extrémistes dans des actions de protestation qui ont rassemblé quelques centaines de personnes dans la capitale belge.

Un manifestant d’extrême droite jette un projectile en direction de la police, dimanche 16 décembre à Bruxelles. / FRANCOIS LENOIR / REUTERS

Le bourgmestre (maire) de Bruxelles, Philippe Close (PS), et le président de la Région, Rudy Vervoort (PS), avaient interdit le défilé des extrémistes flamands. Ceux-ci ont introduit un recours en référé devant le Conseil d’Etat, qui a levé l’interdiction, samedi.

Dimanche, une centaine d’arrestations ont été opérées en marge du cortège « anti Marrakech » et on relevait une dizaine de blessés, dont un policier. Aucun incident n’a été relevé du côté de la contre-manifestation, qui rassemblait un millier de personnes.

Le pacte de Marrakech en trois intox
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