L’association de consommateurs a parcouru les étals de 1 134 hyper et supermarchés, scrutant trois espèces parmi les plus consommées en France et menacées par la surpêche : la sole, le bar et le cabillaud. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Au moment où les ministres de la pêche sont réunis à Bruxelles pour négocier les quotas de 2019, UFC-Que choisir publie les résultats sans appel de son enquête sur la pêche durable dans la grande distribution, lundi 17 décembre, pressant les pouvoirs publics de durcir les quotas de pêche mais aussi de rendre l’étiquetage sur la durabilité de la pêche enfin explicite.

L’association de consommateurs a parcouru les étals de 1 134 hyper et supermarchés, scrutant trois espèces parmi les plus consommées en France et menacées par la surpêche : la sole, le bar et le cabillaud. Le constat est accablant : « 86 % des poissons présents dans les étals des grandes surfaces visitées sont pêchés selon des méthodes non durables ou dans des stocks surexploités », peut-on lire dans l’étude réalisée entre le 20 janvier et le 3 février derniers. Or, précise l’association dans un communiqué, « 88 % des stocks de poissons européens sont actuellement surexploités ou voient leur capacité à se reconstituer menacée, induisant dès lors un risque d’effondrement des stocks pour des espèces particulièrement menacées telles que le bar ».

« Aucune politique d’approvisionnement durable »

PHILIPPE HUGUEN / AFP

L’enquête avait un double objectif, souligne UFC-Que choisir : vérifier le respect des mentions obligatoires sur les méthodes de pêche et les zones de capture et analyser les résultats sur la durabilité des ressources exploitées, tant en termes de méthodes de pêche que de zones de capture.

« Le résultat est malheureusement tristement sans appel : la grande distribution n’a aucune politique d’approvisionnement durable pour les trois espèces étudiées », affirme l’association. Or, trois quarts des achats de poissons frais et autres produits de la mer des consommateurs français sont réalisés dans la grande distribution, selon une étude de l’institut FranceAgrimer datant de septembre 2018.

Par ailleurs, poursuit l’association, dans deux tiers des cas, les mentions obligatoires sont « absentes, fantaisistes ou trop vagues ». Ainsi, « avec plus de trois poissons sur quatre mal étiquetés, Intermarché décroche la palme, talonné par Système U et Leclerc qui totalisent respectivement 76 % et 67 % d’étiquetages non conformes ». S’agissant des zones de capture, l’association a relevé des mentions vagues du type « Atlantique » ou « Méditerranée » : « or, en l’absence de zone maritime précise, on ne peut pas identifier les poissons provenant de stocks surexploités », estime-t-elle. Quant à l’information sur les méthodes de pêche, elle est absente pour un poisson sur quatre, précise UFC-Que choisir.

Compte tenu des résultats de cette enquête, l’association demande à ce que les ministres européens de la pêche alignent « strictement les futurs quotas sur les recommandations émises par les experts du Conseil international pour l’exploration de la mer » et que « l’étiquetage réglementaire intègre un indicateur explicite de la durabilité du poisson ». Elle annonce qu’elle saisira la répression des fraudes afin qu’elle réalise des contrôles sur le respect des dispositions réglementaires d’étiquetage.