« Je ne suis candidat à rien, j’irai là où on me dira d’aller », affirmait au Monde Jordan Bardella, le 10 décembre. A peine une semaine plus tard, il semblerait que Marine Le Pen ait donc décidé de lui demander officiellement de monter au front.

Selon France Inter, la présidente du Rassemblement national (RN, ex-Front national) aurait choisi le jeune conseiller régional d’Ile-de-France comme tête de liste aux élections européennes. Le bureau exécutif du RN se réunit lundi 17 décembre et devrait « signer en bas à droite », selon une confidence d’un cadre du parti d’extrême droite au Monde.

Portée par l’actualité des « gilets jaunes », Marine Le Pen devrait donc choisir l’option Bardella pour tenter de concrétiser les sondages qui la donnent actuellement en tête aux élections européennes de mai 2019.

« C’est un jeune ancien »

Né en 1995 à Drancy, le jeune lieutenant mariniste présente déjà, à 23 ans, le CV bien étoffé d’un « bébé FN » : adhésion à 16 ans ; secrétaire départemental de Seine-Saint-Denis à 19 ans ; élu conseiller régional d’Ile-de-France à 20 ans et promu, après la présidentielle de 2017, porte-parole du RN et directeur national de Génération nation, la branche jeunesse du parti d’extrême droite. « C’est un jeune ancien », sourit un proche de Marine Le Pen, ajoutant que la jeunesse est le symbole parfait pour se positionner en opposant principal à Emmanuel Macron : « Le nouveau monde, c’est nous. »

« Un apparatchik fidèle » qui lui laissera toute la lumière

Changement de nom du parti, renouvellement des visages… mais confirmation de la ligne au sein de l’ex-FN. Avec Jordan Bardella, la patronne de l’extrême droite française opte pour « un apparatchik fidèle » qui lui laissera toute la lumière, résume un observateur. « Les gens votent pour une étiquette, alors une tête de liste dit peut-être quelque chose, mais Marine Le Pen dit le reste », abrège d’ailleurs son entourage, ajoutant que c’est bien elle qui mènera la campagne : en première ligne dans les médias, et en dernière ligne sur la liste. Si elle a toujours refusé d’assumer la tête de liste ou même d’être officiellement candidate, son nom sera en effet inscrit en fond de liste, en position non éligible, afin de pouvoir apposer le sceau « Le Pen » sur la liste de l’ex-FN. « La flamme fera le reste », conclut un cadre historique.

Jordan Bardella, dont la famille est d’origine italienne, peut également se targuer d’avoir tissé quelques liens avec une figure du populisme européen : le ministre de l’intérieur d’extrême droite italien, Matteo Salvini. Fin septembre, M. Bardella était ainsi invité au meeting de la Ligue, à Gênes, et était déjà à l’origine, l’été dernier, de la journée de « convergence » organisée entre les branches jeunesse des deux partis d’extrême droite sous un même mot d’ordre : « Basta immigrazione/Stop immigration. »

Autre atout majeur en ces temps de multiplication des affaires judiciaires autour du RN : Jordan Bardella ne compte aucune « casserole » judiciaire à son actif, contrairement à nombre de responsables de son parti, dont Marine Le Pen, mise en examen pour « détournement de fonds publics » dans l’affaire dite des assistants parlementaires.