Pendant des années, il a profité de son emprise sur les jeunes championnes qu’il entraînait pour les violer : l’ancien directeur des équipes de France de roller artistique a été condamné samedi à treize ans de prison, a-t-on appris lundi 17 décembre auprès du parquet de Pontoise. La cour d’assises du Val-d’Oise a également décidé d’interdire définitivement à Arnaud Mercier, 42 ans, d’exercer une activité impliquant des contacts avec les mineurs et prononcé une obligation de soins.

Au terme du procès qui s’est tenu de lundi à samedi, le procureur avait requis une peine de vingt ans de prison contre cet entraîneur poursuivi pour agressions sexuelles, viols, corruption de mineur, qui a fini par reconnaître lors de son procès « avoir été un agresseur ».

L’affaire avait débuté en 2011. Une patineuse de 14 ans confie alors à une psychologue du pôle espoir d’athlétisme d’Ile-de-France avoir été abusée par son entraîneur depuis l’âge de 8 ans. Elle décrit un mode opératoire bien précis : des massages qui donnent d’abord lieu à des « bisous ». Puis le coach qui vient dans sa chambre d’hôtel lors des nombreux déplacements en vue de compétitions. Le sélectionneur est suspendu de ses fonctions, d’abord pour six mois, puis définitivement.

Viols quotidiens

En 2015, une deuxième championne, présentée comme sa « favorite », dépose plainte également contre celui qui était à la fois son entraîneur et sa famille d’accueil. La sportive de haut niveau, qui a d’abord défendu son mentor après la plainte déposée par sa consœur en 2011, le dénonce à son tour. Elle raconte aux enquêteurs l’emprise, les viols quotidiens à partir de ses 13 ans, les pompes supplémentaires infligées à l’entraînement quand elle refuse de se plier à certaines pratiques sexuelles. Les rendez-vous imposés avec d’autres hommes, aussi.

Au cours du procès, deux autres championnes ont contacté la cour pour témoigner. Mercredi, l’une d’elles a évoqué à la barre des viols subis pendant deux ans, entre ses 16 et 18 ans. Lors de l’enquête, plusieurs autres patineuses avaient affirmé avoir elles aussi subi des attouchements, voire des viols, de la part de l’entraîneur, sans toutefois porter plainte. L’avocate d’une des plaignantes, Isabelle Steyer, a salué une décision « d’apaisement » qui « permet de marquer les interdits entre les relations sexuelles majeurs-mineurs ». Avant le procès, elle avait critiqué « le monde du patin », coupable selon elle d’avoir « couvert cet agresseur qui avait le pouvoir de hisser de très jeunes filles sur les podiums et l’utilisait à des fins dévoyées ».