Un cessez-le-feu au Yémen dans la province de Hodeida, dans l’ouest du pays, sera appliqué à compter de mardi 18 décembre à minuit (lundi 21 heures en France), ont fait savoir les Nations unies, alors que cette trève devait initialement entrer en vigueur la semaine passée.

Jeudi 13 décembre, des délégations du gouvernement et des rebelles houthistes ont conclu un accord en Suède sous l’égide de l’ONU, prévoyant une cessation immédiate des hostilités. De violents combats et des raids aériens se sont toutefois poursuivis le week-end suivant dans la région de Hodeida, principal front du conflit yéménite durant ces derniers mois.

Selon des habitants de Hodeida joints par téléphone, des combats sporadiques ont encore lieu ce lundi, à l’est et au sud de la ville portuaire par où transitent l’essentiel de l’aide et des importations alimentaires du pays. La fin des combats interviendra d’ici à quelques heures, a toutefois assuré un responsable de l’ONU sous couvert d’anonymat.

Selon les termes de l’accord annoncé jeudi dernier par l’ONU, le cessez-le-feu devait initialement entrer « immédiatement » en vigueur à Hodeida. Ce même responsable onusien a justifié ce décalage par des « raisons opérationnelles », sans autre précision.

Ethiques de guerre

Un responsable de la coalition menée par l’Arabie saoudite, qui intervient militairement au Yémen en soutien au gouvernement, a également confirmé que la trêve serait appliquée à partir de mardi. « Le mécanisme pour appliquer l’accord n’est pas encore clair, et nous sommes dans l’attente d’une annonce de l’ONU à ce propos », a-t-il toutefois déclaré, sous couvert d’anonymat.

Un retrait des rebelles des ports de Hodeida, Al-Salif et Ras Issa est aussi programmé pour le 31 décembre, et celui des forces progouvernementales et des rebelles de la ville de Hodeida est prévu pour le 7 janvier, a indiqué le responsable de la coalition.

Il a assuré que la coalition ferait « tout son possible pour respecter la trêve, à moins que les Houthis ne la violent » et s’est montré sceptique sur la capacité de ces derniers à la respecter, estimant qu’ils n’avaient « historiquement jamais respecté les éthiques de guerre ».

« La pire crise humanitaire au monde »

Face à la poursuite d’affrontements, au cours desquels au moins 29 combattants sont morts, selon des sources progouvernementales, l’émissaire de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, a exhorté les belligérants à respecter l’accord de trêve.

Dans un tweet, l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) s’est inquiétée de « la poursuite des combats à Hodeida », ajoutant que ses équipes soignaient de nombreux civils blessés.

Une grande prudence reste de mise quant à la viabilité du cessez-le-feu : depuis le début du conflit, en 2014 – date à laquelle les rebelles houthistes venus du nord ont notamment pris la capitale, Sanaa –, sept trêves négociées par l’ONU n’ont pas tenu.

La dernière en date, quasi inespérée, a été négociée au milieu de pressions internationales sur les parties pour qu’elles mettent fin à un conflit qui a provoqué, selon l’ONU, la pire crise humanitaire au monde. La guerre au Yémen a fait au moins 10 000 morts, et des millions de personnes sont menacées de famine.

Guerre au Yémen : pourquoi le pays est en train de disparaître
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