Université Paris-Nanterre (octobre 2018). / Camille Stromboni - Le Monde

Sont-ils confirmés, annulés, déplacés… Le sort réservé aux examens est sur toutes les lèvres, dans les allées de l’université Paris-Nanterre, mardi 18 décembre. L’assemblée générale (AG), qui a réuni près d’un millier d’étudiants, a voté la reconduction du blocage de l’établissement francilien jusqu’à jeudi, pour s’opposer à la hausse des droits d’inscription des étudiants étrangers extra-européens. La mesure, annoncée par le gouvernement le 19 novembre, est largement contestée dans la communauté universitaire depuis plusieurs semaines.

« Le blocage, c’est notre préavis de grève à nous, cela permet de se mobiliser », défend à la tribune de Nanterre Mickaël, étudiant et militant du Nouveau Parti anticapitaliste. « C’est le seul moyen de nous faire entendre », abonde Marine, en licence de psychologie, à l’arrière de l’amphithéâtre. Un vote similaire est intervenu chez leurs homologues parisiens de Tolbiac (université Paris-I Panthéon-Sorbonne).

A Nanterre, les étudiants présents en AG ont aussi voté massivement en faveur du report de la session d’examens, au mois de janvier. Depuis le début des épreuves de fin de semestre, la semaine dernière, l’établissement de 30 000 étudiants se retrouve dans une situation chaotique. Le président de l’université, Jean-François Balaudé, a exprimé son opposition à cette augmentation des droits pour les étrangers (à 2 770 euros en licence, 3 770 en master et doctorat), et affirmé qu’il ne l’appliquerait pas. Il a, dans le même temps, marqué son opposition au blocage, voué à ne « pénaliser que l’université », tout en organisant un vote électronique qui a abouti, le 14 décembre, à un résultat contre la poursuite du blocage, à une majorité de 55 % des voix (36 % pour, 9 % d’abstention).

« On en a marre de venir pour rien »

Un vote qui n’est cependant pas reconnu par les étudiants bloqueurs, qui défendent les choix actés en assemblée générale. Résultat sur le terrain, selon les UFR (unités de formation et de recherche) et les bâtiments où se déroulent les examens, la situation fluctue, entre les tentatives de blocage, les tensions avec les personnels de sécurité, les étudiants qui interrompent ou boycottent eux-mêmes les épreuves… « Ce n’est pas possible de passer nos examens dans ces conditions, c’est stressant et éprouvant », s’énerve Margaux, en licence d’AES (administration économique et sociale). La jeune fille n’en est pas pour autant favorable au blocage, au contraire, elle fait partie d’un collectif opposé à ce mode d’action. « Hier, des étudiants sont entrés dans l’amphi cinq minutes avant que ça commence, notre partiel a été annulé, abonde l’une de ses camarades en première année. On en a marre de venir pour rien et de réviser dans le vide. »

A l’entrée de l’amphithéâtre, l’un des responsables de l’UFR de sciences économiques-gestion-mathématiques-informatique se retrouve quelque peu démuni face aux questions concernant les prochaines épreuves. « On tente de faire passer les partiels, comme cela est prévu, mais cela ne marche pas », reconnaît l’universitaire, qui vient d’annuler un examen perturbé. Mais pas question, pour lui comme pour son collègue économiste, de repartir sur des « ersatz de partiels », assurent-ils d’une même voix, en référence aux examens organisés par voix électronique l’an dernier, après plusieurs semaines de blocages au printemps contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE).

Du côté de la présidence de l’université, on demeure sur cette ligne du maintien des partiels. « Actuellement, environ 80 % des examens ont eu lieu, rassure-t-on à la présidence. Des étudiants, comme ceux qui étudient à distance ou ceux qui ont un travail, ne peuvent pas les passer à un autre moment. » Une semaine a déjà été dégagée dans les emplois du temps, en janvier, pour rattraper ceux qui ont été empêchés. La question de la rentrée a déjà été évoquée lors de l’assemblée générale étudiante du 18 décembre : une majorité s’est dégagée, après quelques difficultés de comptage, en faveur du déblocage de l’établissement en janvier.

Altercation lors d’une AG à Tolbiac

Réunis en assemblée générale, plusieurs centaines d’étudiants du site de Tolbiac (Paris I - Panthéon Sorbonne) ont voté, mardi matin, la poursuite du blocage du campus universitaire, pour s’opposer à la hausse des droits d’inscription des étudiants extra-européens. « Le centre Pierre-Mendès-France était bloqué ce matin et la plupart des cours n’ont pas pu se tenir aujourd’hui », a précisé l’établissement à l’AFP, en indiquant que la reconduction du blocage avait été votée pour mercredi.

Pendant l’AG, une altercation a opposé un professeur de mathématiques à des étudiants, a ajouté Paris-I. « La sécurité est intervenue pour les séparer », a précisé un membre de l’université. « Tolbiac a une fois encore été la scène de débordements ce midi en marge d’une assemblée générale, a réagi sur Twitter la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. L’université est un lieu de débat où la violence n’a pas sa place. »