« Bonne chance au général Michael Flynn, qui est au tribunal aujourd’hui », a écrit sur Twitter Donal Trump avant le début de l’audience de son ex-conseiller (photo). / JONATHAN ERNST / REUTERS

Après l’ex-avocat Michael Cohen, l’ex-avocat personnel de Donald Trump condamné à trois ans de prison, ça devait être le tour de Michael Flynn, un autre proche du président, de connaître son sort.

Mais à la surprise générale, mardi 18 décembre, le juge fédéral du tribunal fédéral de Washington, Emmet Sullivan, chargé de fixer la peine de celui qui fut conseiller pendant la campagne de Donald Trump, avant de devenir son éphémère conseiller à la sécurité nationale pendant vingt-deux jours, a reporté son verdict tout en étrillant l’accusé, menaçant de le condamner sévèrement pour avoir menti sur ses contacts avec des Russes, notamment sur ses conversations avec l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Sergey Kislyak.

« Vous étiez un agent non enregistré au service d’une puissance étrangère, alors même que vous serviez comme conseiller à la sécurité nationale », a relevé le juge Sullivan. « On peut considérer que cela porte atteinte à tout ce que ce drapeau représente. On peut considérer que vous avez vendu votre pays », a poursuivi le magistrat, avant de manifester son « dégoût » et son « mépris » envers l’accusé. 

Emmett Sullivan n’a pas annoncé la date de l’audience de fixation de peine mais il a annoncé qu’il recevrait les équipes du procureur spécial et les avocats de Flynn le 13 mars prochain pour faire le point sur les progrès de l’enquête et sur la coopération de l’ex-conseiller présidentiel.

Soutien de Donald Trump sur Twitter

L’ancien général de 60 ans est arrivé vers 10 heures (16 heures à Paris) au tribunal fédéral de Washington pour écouter sa sentence. Début décembre, le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur les soupçons de collusion entre Moscou et l’équipe de campagne de Donald Trump en 2016, a loué son « aide substantielle » et recommandé une peine sans détention.

« Bonne chance au général Michael Flynn, qui est au tribunal aujourd’hui », a écrit sur Twitter le 45e président des Etats-Unis, avant le début de l’audience. « Il sera intéressant de voir ce qu’il a à dire, malgré l’intense pression mise sur lui », a ajouté Donald Trump, en répétant une nouvelle fois qu’il n’y avait pas eu de « collusion » entre le Kremlin et son entourage.

Par ailleurs, la justice américaine a inculpé lundi deux associés de Michael Flynn pour avoir appuyé les efforts d’Ankara en vue d’obtenir l’extradition vers la Turquie du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et bête noire du président Recep Tayyip Erdogan. Selon la presse américaine, Michael Flynn a également coopéré avec les enquêteurs chargés de ce dossier.

Echanges de Flynn avec l’ambassadeur russe

Le locataire de la Maison Blanche, de plus en plus agacé par l’enquête russe, ne cesse de dénoncer une « chasse aux sorcières » orchestrée selon lui par un procureur « hors de contrôle ». Donald Trump refusera d’être entendu par le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur une possible collusion entre la Russie et l’équipe de campagne du républicain pendant l’élection de 2016, a confirmé dimanche l’avocat du président américain, Rudy Giuliani.

« [Il] faudrait d’abord me passer sur le corps », a répondu M. Giuliani à la question récurrente de savoir si M. Trump répondrait favorablement à une éventuelle convocation du procureur, lors d’une interview sur la chaîne Fox News. Robert Mueller, qui enquête depuis dix-huit mois sur les ingérences russes dans la présidentielle de 2016, n’a pas encore abattu toutes ses cartes et rien ne permet de dire, à ce stade, qu’il y a bien eu entente entre Moscou et l’équipe du candidat Trump.

Michael Flynn, connu pour son indulgence à l’égard de la Russie, avait finalement admis avoir échangé avec l’ambassadeur russe aux Etats-Unis sur deux sujets sensibles : le vote d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur Israël et les sanctions prises par l’administration Obama contre la Russie sur l’ingérence russe. Cette conversation a eu lieu alors qu’il était chargé de l’équipe de transition.

Après Michael Flynn, l’ancien conseiller diplomatique du candidat Trump, George Papadopoulos, a accepté de coopérer. Il a admis avoir été contacté dès avril 2016 par des émissaires de la Russie. Il a été condamné à quatorze jours de prison pour avoir initialement menti à ce sujet.

Parmi les proches du président, seul l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, fait de la résistance. Après avoir été reconnu coupable de malversations, il avait accepté à l’automne de coopérer dans l’espoir d’une peine amoindrie. Mais il a ensuite menti aux enquêteurs, selon le procureur Mueller.