Des "gilets jaunes" sur l'autoroute A81 au niveau du péage de La Gravelle entre Rennes et Paris. Ils ont bloqué les barrières du péage afin de laisser passer gratuitement les automobilistes. (Vassili Feodoroff pour le Monde) / Vassili Feodoroff pour le Monde

Un mois après le début du mouvement des « gilets jaunes », l’heure des comptes a sonné pour les sociétés d’autoroutes. Vinci Autoroutes a annoncé, lundi 17 décembre, que les automobilistes devront régulariser les paiements dont ils n’ont pas pu s’acquitter au cours des opérations liées au mouvement qui ciblent les péages, depuis le 17 novembre.

Dimanche, l’exploitant de la plupart des autoroutes du sud de la France a été le premier à évaluer le coût des dégradations qui ont affecté quotidiennement près de 250 sites sur l’ensemble de son réseau, déplorant une facture de « plusieurs dizaines de millions d’euros ». En revanche, il n’était pas en mesure de chiffrer le manque à gagner correspondant aux passages gratuits aux péages.

« Adapter nos procédures »

« Nous sommes conscients du caractère exceptionnel des événements qui ont touché le réseau depuis quatre semaines », a souligné un porte-parole de la filiale du groupe de BTP et de concessions Vinci, confirmant une information du Dauphiné libéré. « Nous avons donc décidé d’adapter nos procédures pour ne pas pénaliser les usagers en préjugeant de leur bonne foi. » Les automobilistes n’ayant pas acquitté le péage recevront donc une lettre de rappel, et non pas l’amende prévue, sur la base de l’immatriculation de leur véhicule filmée par les caméras installées aux barrières d’accès.

Vinci Autoroutes souligne que des usagers ont déjà fait la démarche de venir payer spontanément le péage lors de leur passage gratuit et que la régularisation constitue une mesure de justice vis-à-vis d’eux, comme vis-à-vis des millions de personnes qui ont continué de payer l’autoroute les semaines passées.

Début décembre, deux semaines environ après le début du mouvement, le concessionnaire autoroutier Sanef estimait, de son côté, « en millions d’euros » l’impact économique correspondant surtout au manque de recettes, mais aussi aux dégradations matérielles sur les chaussées et les portiques de signalisation.

« L’Etat va devoir payer une grande partie de la facture »

Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, s’est montré très sceptique sur Europe 1 quant à la possibilité pour l’entreprise de réclamer des comptes. « On ne peut pas faire cela, a-t-il dit lundi soir. En réalité, sans doute que c’est l’Etat qui va devoir payer une grande partie de la facture, et donc, ça va être une dépense supplémentaire (…) ou sinon cela sera répercuté d’une façon ou d’une autre sur les tarifs d’autoroute, ce qui est bien dommage parce que les Français qui n’avaient rien à voir avec les casseurs ne devraient rien avoir à payer. »

La ministre des transports, Elisabeth Borne, doit recevoir mardi en fin d’après-midi des représentants des sociétés concessionnaires « pour faire un point de situation sur l’état des perturbations en cours, à quelques jours d’un week-end de grands départs, et les dégradations rencontrées sur le réseau ». Des représentants du ministère de l’intérieur seront également présents.