Ciné+ Premier, mercredi 19 décembre à 22 h 55, film

Entre son apparition remarquée, il y a dix ans, comme coscénariste et interprète de Will Hunting, de Gus Van Sant, et cette première tentative comme réalisateur, Ben Affleck s’est employé à faire oublier tout le bien qu’on avait pu penser de lui. Interprète de films aussi oubliables que Daredevil ou Jersey Girl, le beau gosse a beaucoup à se faire pardonner.

Gone Baby Gone, thriller et conte moral, est un acte de contrition tout à fait honorable. Adapté d’un roman de Dennis Lehane, il ramène Affleck à Boston, ville qu’il a connue dans son enfance. Le Boston où les strates d’immigrants se sont superposées, le Boston corrompu de Martin Scorsese.

Dans cette ville fragmentée, pauvre et violente, une petite fille est enlevée. Sa tante fait appel à un couple de détectives privés, ­Patrick Kenzie (Casey Affleck, petit frère du réalisateur) et Angela Gennaro (Michelle Monaghan). Ces deux jeunes amoureux ont monté leur petite entreprise, destinée à réunir les familles fracassées par le destin ou les créanciers. C’est un peu romantique et très sordide, et le cocktail reste équilibré de bout en bout.

Malédiction de Dorian Gray

C’est à cet équilibre que tient la réussite de Ben Affleck pour ses débuts derrière la caméra, plutôt qu’à la mise en scène elle-même, efficace mais cédant parfois à la facilité, jamais inspirée. Gone Baby Gone vaut toutefois mieux que ce constat de compétence. Le principe de construction dramatique fécond permet au film de maintenir le spectateur sur le bord de son siège. D’autant qu’il est guidé dans ce labyrinthe meurtrier par un jeune acteur étonnant. Enfin, « jeune »…

Au début de Gone Baby Gone, l’un des deux flics chevronnés chargés de l’enquête demande son âge à Patrick Kenzie, qui répond qu’il est né il y a trente et un ans. « Il fait jeune », dit sa compagne. Et c’est vrai que Casey Affleck, dont l’état civil correspond à celui de son personnage, est doué d’un physique enfantin, fragile, un peu transparent. La raison voudrait qu’un acteur parvienne à la maturité quand se creusent ses rides, mais on dirait que Casey Affleck est affligé de la malédiction de Dorian Gray, et plus il pénètre dans l’intimité de son personnage, moins il semble vieillir. Sous la direction de son grand frère, il parvient à doter Patrick Kenzie d’un trésor de doutes et de colères.

Gone Baby Gone | Official Trailer (HD) - Casey Affleck, Michelle Monaghan | MIRAMAX
Durée : 02:37

Gone Baby Gone, de Ben Affleck (EU, 2007, 114 min). www.mycanal.fr