Le groupe nucléaire français Orano, anciennement Areva, est dans le viseur du parquet national financier qui enquête sur des soupçons de corruption en Mongolie, a-t-on appris, mercredi 19 décembre, de sources proches du dossier.

Ces soupçons « de corruption d’agent public étranger » impliquent notamment un des prestataires d’Orano, la société de conseil Eurotradia International, qui a joué un rôle clé pour lui obtenir en 2013 l’exploitation de gisements d’uranium dans le désert de Gobi. « Nous avons décidé de mettre fin à nos contrats avec Eurotradia », a fait savoir à l’AFP un porte-parole d’Orano. « Nous n’avions rien noté d’anormal et nous nous tenons désormais à la disposition de la justice », a-t-il ajouté, affirmant que « Eurotradia n’avait pas notre accord pour recourir à des intermédiaires mongols ».

Campagne anticorruption en Mongolie

En octobre 2013, sous la présidence de Luc Oursel, Areva avait conclu un partenariat stratégique pour exploiter deux gisements d’uranium dans le désert de Gobi (sud-est) avec le mongol Mon-Atom et le japonais Mitsubishi. L’accord intervenait après plus de dix ans de prospection du groupe français en Mongolie, mais il était resté incertain jusqu’au dernier moment. Le projet avait suscité de fortes oppositions environnementales dans cet immense pays de trois millions d’habitants, dont le sous-sol est riche en minerais (uranium, cuivre, or, charbon).

Cette affaire s’inscrit dans le cadre d’une campagne anticorruption en Mongolie où, dans un autre dossier, deux anciens premiers ministres ont été incarcérés en avril pour des accords controversés avec le géant minier anglo-australien Rio Tinto.

Par ailleurs, le groupe nucléaire français est déjà visé depuis 2015 par une enquête préliminaire du PNF. Cette affaire, surnommée « uraniumgate », porte sur la vente controversée, à l’automne 2011, d’une importante quantité d’uranium nigérien pour 320 millions de dollars.