Les combats ont repris au Yémen entre la coalition et les rebelles Houthis. / MOHAMMED HUWAIS / AFP

Au Yémen, l’accord de cessez-le-feu signé le 13 décembre en Suède n’aura duré que quelques heures. La coalition militaire menée par l’Arabie saoudite a menacé mercredi de reprendre son offensive dans le pays si la rébellion poursuit ses « violations » de la trêve à Hodeida.

Dans un communiqué, elle affirme également avoir mené une frappe contre l’aéroport de Sanaa, qui, selon elle, servirait de base aux rebelles houthistes. La coalition, qui aide militairement le gouvernement yéménite, les a accusés d’avoir violé la trêve à 21 reprises depuis mardi.

« Nous continuons à leur accorder le bénéfice du doute et à faire preuve de retenue, mais les premiers signes ne sont pas encourageants, a affirmé à l’AFP une source de la coalition sous le couvert de l’anonymat. Si l’ONU continue à traîner et tarde à entrer en scène, ils perdront toute opportunité (…) et l’accord (de cessez-le-feu) sera voué à l’échec. »

Les houthistes, qui tiennent notamment la ville d’Hodeida, ont aussi accusé la coalition d’avoir enfreint le cessez-le-feu. Selon l’agence de presse Saba, qu’ils contrôlent, les forces loyalistes ont ciblé des secteurs dans la ville et la province de Hodeida dans la nuit de mardi à mercredi.

Echange de 15 000 prisonniers

Outre le cessez-le-feu, l’accord de Suède prévoit un échange de quelque 15 000 combattants faits prisonniers ainsi que des mesures pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Taëz (sud-ouest), ville aux mains des loyalistes et assiégée par la rébellion.

Les pourparlers interyéménites doivent par ailleurs reprendre fin janvier pour tenter de définir un cadre de négociation en vue d’un règlement global. L’aéroport de Sanaa, fermé depuis presque trois ans aux vols commerciaux, sera au centre du prochain round de négociations, a encore précisé l’émissaire de l’Organisation des nations unies (ONU) pour le Yémen, Martin Griffiths.

Face à cette situation, le pays est confronté à une profonde crise humanitaire, « la plus grave de ce début du siècle », selon Médecins sans frontières. Pour Caroline Seguin, cheffe de mission de l’ONG dans ce pays, le Yémen fait face à « un effondrement total du système de santé et du système économique ».

« Les fonctionnaires ne sont plus payés depuis plus de deux ans, il y a de gros problèmes d’importations », a-t-elle poursuivi, au cours d’une conférence de presse mercredi.

« La population devient de plus en plus pauvre, une économie de guerre a été mise en place par les différents belligérants, au niveau du fuel, du gaz. Et c’est la population civile qui trinque. »

Le manque d’eau est aussi chronique dans de nombreuses régions, a-t-elle ajouté, et c’est l’explication principale de l’épidémie de choléra qui a ravagé le pays l’an dernier.

Guerre au Yémen : pourquoi le pays est en train de disparaître
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