Des passagers en attente de leur avion jeudi 20 décembre, alors que des survols de drones perturbent le fonctionnement de l’aéroport de Gatwick. / GLYN KIRK / AFP

« Chaque fois que nous pensons approcher de l’opérateur, le drone disparaît. Quand nous envisageons de rouvrir l’aérodrome, le drone réapparaît. » Justin Burtenshaw, un responsable de la police locale, ne décolère pas. Depuis mercredi 19 décembre au soir, l’aéroport londonien de Gatwick – le deuxième plus important du Royaume-Uni – est paralysé à cause de vols récurrents de drones. Des nuisances visiblement organisées avec l’objectif délibéré de perturber durablement le trafic aérien. Alors qu’à l’approche de Noël quelque 110 000 passagers et 760 vols devaient transiter jeudi par Gatwick, les autorités aéroportuaires ont dû bloquer des avions au sol et en détourner d’autres vers Heathrow, Stansted, Luton, voire Amsterdam et Paris.

L’aéroport a été fermé mercredi soir vers 22 heures (heure de Paris) après que deux drones ont été aperçus survolant le site. Il a rouvert brièvement durant trois quarts d’heure dans la nuit mais a été contraint de fermer à nouveau à 4 h 45 à la suite de nouveaux signalements d’un survol de drones à proximité des pistes. L’incident a pris des proportions telles que le porte-parole de la première ministre Theresa May a dénoncé un « comportement (…) irresponsable et totalement inacceptable », précisant que les auteurs de ces perturbations risquaient, selon la loi, cinq ans d’emprisonnement.

« Acte délibéré »

Selon la police du Sussex, le comté situé au sud de Londres où se trouve l’aéroport, il s’agit bien d’un « acte délibéré ». Pour autant, toujours d’après la police, il n’existe « aucune indication suggérant que cela soit lié au terrorisme ». Cité par le Guardian, Chris Woodroofe, le responsable de l’aéroport de Gatwick, estime que « l’on peut raisonnablement considérer que plusieurs jours seront nécessaires pour parvenir à un retour à la normale ».

Cet incident, qui semble être le premier à résulter d’une action délibérée avec une intention de nuire, confirme la fragilité du trafic aérien face à ce genre de menaces mais aussi la difficulté d’y remédier avec des outils classiques. Même s’ils ne présentent pas une garantie absolue d’efficacité, les outils de lutte antidrone – faisant appel à la goniométrie et à des systèmes sophistiqués d’imagerie optronique – dont les aéroports commencent à s’équiper n’ont pas fini d’enregistrer des commandes.