Le président de la Fed, Jerome Powell, après une conférence de presse à Washington mercredi 19 décembre. / YURI GRIPAS / REUTERS

La Réserve fédérale américaine (Fed) a finalement résisté à la pression de Donald Trump en annonçant, mercredi 19 décembre, une nouvelle hausse des taux d’intérêt. La Fed a relevé d’un quart de point de pourcentage le taux directeur au jour le jour, qui se situe désormais entre 2,25 % et 2,50 %.

Dans une volonté manifeste d’afficher son indépendance, elle a ainsi entériné sans sourciller la quatrième hausse de l’année face aux sommations du président américain de marquer une pause. Jerome Powell, président de la Fed depuis moins d’un an et qui a subi les vives critiques de Donald Trump, a obtenu un vote à l’unanimité pour confirmer cette dernière hausse de l’année.

« Les considérations politiques ne jouent absolument aucun rôle dans nos discussions ou décisions de politique monétaire », a déclaré M. Powell, mercredi, lors d’une conférence de presse. La veille, M. Trump avait, dans un tweet, pressé la banque centrale de ne pas commettre « une nouvelle erreur » en renchérissant le coût du crédit.

Pour 2019, la Fed, qui a abaissé sa prévision d’inflation et de croissance du PIB américain et qui dit surveiller l’évolution de l’économie mondiale, va toutefois ralentir le nombre de relèvements de ses taux à deux au lieu de trois, selon les projections des membres du Comité monétaire (FOMC). Dans le communiqué, elle a, en outre, changé un peu de vocabulaire, relevant que seulement « quelques » hausses graduelles seront opportunes à l’avenir pour soutenir une expansion durable.

Les taux à leur plus haut point depuis douze ans

Ces taux, quoique restant historiquement bas, se hissent à leur plus haut point depuis douze ans, alors que la Fed a conduit une politique de taux zéro pendant presque huit ans pour soutenir la reprise après la crise financière. Le Comité monétaire justifie ce nouveau tour de vis par l’actuelle bonne santé de la première économie mondiale avec des gains d’emplois « solides » et des dépenses de consommation « fortes ».

Mais c’est sur le front international, où se jouent les tensions commerciales et une décélération de la croissance, comme sur celui des marchés financiers qui subissent de fortes turbulences, que la Fed signale une préoccupation. La Fed « continuera à surveiller les développements financiers et économiques mondiaux et évaluera leur impact pour les perspectives économiques » américaines, expliquent les membres du Comité monétaire, sans toutefois mentionner explicitement la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Le Comité monétaire a un peu réduit sa projection de croissance américaine pour cette année, à 3 % au lieu de 3,1 % précédemment, et surtout pour 2019 à 2,3 % contre 2,5 % précédemment.

De son côté, l’inflation va être aussi moins soutenue que précédemment estimée, à 1,9 % cette année comme l’année prochaine, passant ainsi un peu en dessous de la cible idéale de 2 % de la Fed.

Après ces annonces de la banque centrale américaine, Wall Street reculait, tandis que le dollar reprenait quelques forces.