Le député Sébastien Nadot passera-t-il Noël avec l’étiquette La République en marche (LRM) ? Le député de Haute-Garonne est menacé d’exclusion de la majorité après avoir voté contre le budget, jeudi 20 décembre. L’élu a longuement expliqué sa position dans un communiqué publié jeudi midi. Face à la presse, à l’Assemblée nationale, il a encore justifié son choix, tranché « il y a deux semaines », estimant que le budget n’en faisait pas assez pour la « transition écologique » et la « justice sociale ».

M. Nadot a été reçu jeudi après-midi par Gilles Le Gendre, président du groupe LRM a l’Assemblée. Il appartient désormais au bureau du groupe, convoqué jeudi à 18 h 30, de trancher un sort qui semblait, jeudi après-midi, ne faire guère de doute. « Il n’y a pas d’exégèse à faire, il s’est exclu de fait », expliquait-on à la tête du groupe.

Si M. Nadot est exclu, il s’agira d’une première au sein du groupe LRM. En effet, la majorité a toujours soigneusement évité ce cas de figure. Plusieurs départs volontaires ont eu lieu de la part de députés se tournant vers d’autres groupes parlementaires. En avril, Jean-Michel Clément avait quitté les rangs de lui-même après avoir voté contre le projet de loi asile et immigration. D’autres députés ayant exprimé des positions divergentes à l’égard de la majorité, comme Aina Kuric, qui a voté contre le projet de loi asile et immigration en deuxième lecture en juillet, n’a pas été exclue. Sonia Krimi, qui avait enfilé un gilet jaune en soutien aux manifestants, en novembre, n’a eu droit qu’à un avertissement.

A la tête du groupe, on justifie le traitement particulier réservé à M. Nadot par le caractère symbolique du budget : « Quand vous ne votez pas un texte qui garantit toute la suite des réformes de l’année, vous vous mettez en marge, vous invalidez tout ce qui se fait en un an. » Il y a en fait plusieurs mois que le député de Haute-Garonne évolue en marge du groupe. Cet ancien électeur du PS était arrivé en macronie épaulé par Robert Hue, dont il est proche. Il est membre du parti de l’ancien communiste, le Mouvement des progressistes.

Au cours de l’automne, M. Nadot avait fait partie des députés plaidant pour un rééchelonnement de la hausse de la CSG pour les retraités, position qui allait à l’encontre de celle du gouvernement. Au printemps, il s’était abstenu, comme treize collègues, sur la loi asile et immigration. Mais il s’est surtout démarqué pour avoir demandé la création d’une commission d’enquête sur les ventes d’arme de la France à l’Arabie saoudite dans le cadre de la guerre au Yémen. Une position qui a fortement déplu dans la majorité. Depuis, le député s’estimait « blacklisté » du groupe.