Les « gilets jaunes » seront-ils au rendez-vous pour le sixième samedi successif de mobilisation depuis le début du mouvement ? Alors que le gouvernement espère un samedi apaisé grâce aux mesures d’urgence en cours d’adoption au Parlement et la promesse du grand débat national, des porte-parole autoproclamés des « gilets jaunes » ont fait part de leur intention de poursuivre le mouvement et appelé à de nouvelles manifestations ce week-end partout en France.

  • Manifestation prévue à Versailles

Eric Drouet, l’un des promoteurs du mouvement, a ainsi appelé sur les réseaux sociaux à manifester à Versailles plutôt qu’à Paris, ce qui a poussé les autorités à décider une fermeture exceptionnelle du domaine et du château « de manière préventive » samedi. Celui qui avait appelé à « entrer dans l’Elysée » propose aux manifestants se diriger ensuite vers un lieu – encore inconnu – dans Paris.

Vendredi, le préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot, a annoncé que la manifestation prévue des « gilets jaunes » se déroulerait dans une zone « confinée » de la ville à l’écart des rues commerçantes. « Nous avons confiné la manifestation sur l’avenue de Paris, dans un périmètre très important », représentant plus d’un kilomètre environ, a-t-il souligné. Cette avenue de 87 mètres est « 17 mètres plus large que les Champs- Elysées », a-t-il précisé. Selon son directeur de cabinet Thierry Laurent, « 1 400 personnes » se sont déclarées « participantes, 8 000 se déclarent intéressées » par l’événement sur Facebook.

« Nous sommes aussi préparés à l’hypothèse de Versailles mais ça peut être ailleurs », avait déclaré, jeudi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, en marge d’une visite au dispositif de sécurisation des grands magasins à Paris. De fait, d’autres appels à manifester dans la capitale circulent : place de l’Opéra, place de l’Etoile, République, ou encore le parvis de la Défense.

  • Appel à « bloquer les frontières »

Une deuxième figure du mouvement, Priscilla Ludosky, invite les manifestants à se rendre aux frontières « pour bloquer les camions », tout en « laissant passer les particuliers », dans un mouvement d’unification des « “gilets jaunes” d’Europe ». « La mobilisation aux frontières n’est pas nouvelle. Beaucoup de gens dans les régions sont venus à Paris. Cette fois, on leur propose de rejoindre les “gilets jaunes” des frontières », explique Mme Ludosky au Parisien.

Pourraient être concernées les frontières belge, dans les Hauts-de-France (Maubeuge-Bettignies, Tourcoing, Dunkerque…), allemande (Strasbourg-Khel, Gambsheim…), italienne (Menton-Vintimille), suisse (Jougne, Le Creux), espagnole (Le Perthus, Le Boulou). Des ports bretons pourraient également être perturbés.

  • Rassemblements prévus dans plusieurs villes

Selon Franceinfo, une carte a été partagée ces derniers jours sur les messageries privées des « gilets jaunes » sur Facebook. Ses auteurs appellent à une journée « Paris vide » et lancent des actions dans 14 villes de province – parmi lesquelles Lille, Toulouse, Strasbourg ou Nantes. « L’acte 6 doit avoir un effet de masse dans les mêmes villes, le but est d’avoir un impact fort, ne pas être divisé inutilement », peut-on lire dans cet appel.

Dans les Bouches-du-Rhône, les « gilets jaunes » comptent manifester, selon Chantal Moraud, coordinatrice pour le département, qui ne souhaite cependant pas dire où cette action doit avoir lieu. « Une certitude : si le gouvernement continue son oppression des “gilets jaunes” qui ne veulent pas de mal, ça va tourner au vinaigre », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse.

A Lyon, un rassemblement « déclaré » doit avoir lieu à la Croix-Rousse. Le cortège devrait ensuite se diriger vers le quartier de la Part-Dieu, selon un porte-parole de la coordination d’Auvergne-Rhône-Alpes. De même, à Dijon, une manifestation doit avoir lieu en centre-ville. A Rennes, un groupe de « gilets jaunes » organise une marche citoyenne…

  • Actions éparses durant la semaine

Vendredi, certains « gilets jaunes » ont voulu organiser des actions symboliques à l’occasion des 41 ans du président : assemblées populaires, flashmobs, animations… Malgré l’évacuation par les forces de l’ordre de nombreux sites ou ronds-points occupés, les actions continuaient en cette fin de semaine. Quatorze « gilets jaunes » qui voulaient bloquer jeudi soir l’usine d’un sous-traitant de PSA, Plastic Omnium, à Pfastatt (Haut-Rhin), ont été interpellés.

Plusieurs dizaines de « gilets jaunes » ont bloqué jeudi soir les accès du site Stef Transport, entreprise spécialisée dans le transport frigorifique au Mans, empêchant les camions de quitter l’entrepôt. Ils ont finalement libéré les lieux dans la nuit de jeudi à vendredi. En Saône-et-Loire, les « gilets jaunes » sont revenus sur les sites démantelés, en particulier sur l’échangeur du Magny, à Montceau-les-Mines. Dans les Bouches-du-Rhône, ils comptent reprendre possession du péage de La Barque, d’où ils ont été délogés cette semaine.

  • Castaner : « Tout ça doit s’arrêter »

« Tout ça doit s’arrêter », avait déclaré Christophe Castaner jeudi, tout en annonçant que le bilan des morts en marge du mouvement était passé à 9 personnes. « Il y a aujourd’hui des efforts significatifs qui ont été faits, il y a la volonté de dialogue, de débattre. Chaque Français, qu’il soit “gilet jaune” ou pas, doit aujourd’hui retrouver les conditions de l’apaisement, elles sont réunies », avait-il ajouté.

Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, a souligné jeudi s’attendre à « une mobilisation décroissante, mais qui peut comporter des individus plutôt radicalisés ». « La mobilisation des forces de l’ordre sera assez intense aussi pour ce samedi », a-t-il précisé sur LCI.

La mobilisation a atteint son niveau le plus bas samedi dernier depuis le début du mouvement. Les « gilets jaunes » n’étaient plus que 66 000 dans toute la France, selon le ministère de l’intérieur, contre 126 000 le 8 décembre, 282 000 le 17 novembre. La baisse était plus forte encore dans la capitale : quelque 3 000 manifestants contre 8 000 la semaine précédente.