Ion Iliescu, alors président, le 21 décembre 2004 à Bucarest, en Roumanie. / DANIEL MIHAILESCU / AFP

L’ancien président de Roumanie Ion Iliescu a été inculpé de « crimes contre l’humanité », ont annoncé des procureurs roumains vendredi 21 décembre. Il était poursuivi pour son rôle dans les événements sanglants ayant suivi la révolution de 1989 et le renversement du régime communiste.

Cette nouvelle étape d’une longue enquête survient vingt-neuf ans après la révolte qui s’est emparée de Bucarest, la capitale du pays, après avoir commencé dans la ville de Timisoara, dans l’ouest, le 16 décembre 1989. Aujourd’hui âgé de 88 ans, M. Iliescu a exercé comme ministre auprès du dictateur communiste Nicolae Ceausescu puis a dirigé le Front de salut national qui a pris le contrôle du pays après la révolution. Il a ensuite été élu président en 1990 puis de nouveau entre 2000 et 2004.

« Tirs fratricides »

Aux côtés de M. Iliescu, les procureurs ont mis en examen quatre autres personnes, dont l’ancien vice-premier ministre Gelu Voican Voiculescu. « MM. Iliescu et Voiculescu ont répandu de fausses informations lors de leurs prises de parole à la télévision et dans des communiqués, contribuant ainsi à créer une psychose généralisée », ont-ils estimé.

Leurs déclarations ont alimenté les « situations de tirs fratricides, de fusillades confuses et d’ordres militaires contradictoires », ont-ils ajouté, précisant que 862 personnes avaient été tuées lors du soulèvement de décembre.

Les accusés ont également contribué à « la condamnation et l’exécution des Ceausescu après un simulacre de procès », ont fait valoir les procureurs. A l’occasion d’un rare commentaire public sur le sujet en avril, M. Iliescu avait dit pouvoir « garder la tête haute devant le jugement de l’histoire ».

Selon les procureurs, 275 personnes ont déjà fait face à des poursuites pour leur rôle dans ces évènements de décembre 1989. Cependant, selon des groupes de soutien aux victimes, seulement une petite dizaine de personnes ont été condamnées. La chute de Ceausescu est survenue à la fin d’une année décisive qui a vu les régimes communistes d’Europe centrale et de l’est s’effondrer – et avec eux le mur de Berlin en novembre – précédant l’effondrement de l’Union soviétique fin 1991.