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Donald Trump a rejeté jeudi 20 décembre un compromis budgétaire bâti au Congrès parce qu’il ne comprend pas de financement pour un mur frontalier avec le Mexique, poussant les administrations fédérales au bord de l’arrêt d’une partie des activités du gouvernement fédéral (shutdown).

Faute d’accord sur le financement du gouvernement avant vendredi minuit, certaines administrations pourraient devoir fermer et mettre des employés au chômage technique.

« Le président nous a informés qu’il ne signerait pas la loi venue du Sénat hier soir [jeudi soir] en raison de ses préoccupations légitimes concernant la sécurité aux frontières », a expliqué le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, après une rencontre entre des parlementaires républicains et le président à la Maison Blanche.

Financement à hauteur de 5,7 milliards

S’exprimant lui-même un peu plus tard, Donald Trump a réitéré son message liant immigration et criminalité :

« Les trafics d’êtres humains et les arrivées massives de drogue doivent être stoppés. Ils sont à un niveau extrêmement élevé. »

Le mur à la frontière mexicaine est l’une des promesses emblématiques de campagne du président américain, qui insiste pour qu’un financement du mur, à hauteur de 5 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros), soit inclus dans le budget. Ou qu’à défaut, une enveloppe substantielle soit consacrée à la sécurité aux frontières.

Très concrètement, Donald Trump a fait savoir qu’il ne promulguerait pas la loi actuellement en discussion au Congrès. Ce texte temporaire, voté mercredi soir au Sénat, propose de financer le gouvernement jusqu’au 8 février. Les républicains de la Chambre des représentants ont approuvé jeudi soir une nouvelle mesure qui va dans le sens des exigences du président, incluant un financement de son mur à hauteur de 5,7 milliards (4,97 milliards d’euros).

Si elle a pu être adoptée sans voix démocrates à la Chambre basse, elle n’a aucune chance de passer au Sénat, où soixante votes sont nécessaires. Or les républicains ne contrôlent que 51 des 100 sièges de la Haute Chambre.

Trump accuse l’opposition

Très concrètement, Donald Trump a fait savoir qu’il ne promulguerait pas la loi actuellement en discussion au Congrès. / Evan Vucci / AP

Washington est habitué à ces discussions tendues. Ces psychodrames ont déjà débouché à deux reprises cette année sur de brèves périodes de shutdown. Souvent, la solution trouvée est de financer le gouvernement temporairement, pour une courte période.

A partir du 3 janvier, la Chambre passera sous le contrôle des démocrates, ce qui rendra encore plus difficile un compromis de long terme sur le budget entre le Congrès et la Maison Blanche. « Le financement du mur est un projet qui sera tué dans l’œuf. Ils le savent », a déclaré la démocrate Nancy Pelosi, qui devrait devenir la nouvelle présidente de la Chambre.

Donald Trump a accusé l’opposition de faire passer « la politique avant le pays » :

« Ce qu’ils commencent tout juste à comprendre, c’est que je ne signerai aucune de leurs lois, y compris celles sur les infrastructures, tant qu’on n’a pas une sécurité parfaite à la frontière. »

La menace d’un shutdown a suscité l’inquiétude des milieux économiques, la Bourse de New York cédant 2 % jeudi à la clôture. Une absence d’accord entre le Parlement et la Maison Blanche signifierait la fermeture de nombreux services fédéraux pendant les fêtes de fin d’année, avec des dizaines de milliers de fonctionnaires placés en congé sans solde, et la perturbation de ministères comme la sécurité intérieure, la justice, l’intérieur ou encore le département d’Etat.