L’échec de la mission de Moscou est un coup dur pour l’Agence mondiale antidopage, déjà accusée d’indulgence par de nombreuses fédérations et athlètes. / MARC BRAIBANT / AFP

Une équipe de l’Agence mondiale antidopage, envoyée à Moscou cette semaine pour récupérer des données cruciales dans l’ancien laboratoire de la capitale russe, est revenue bredouille, a annoncé vendredi 21 décembre l’AMA, ouvrant la voie à de nouvelles sanctions contre l’agence Rusada.

La récupération de ces données était une condition imposée par l’AMA en échange de sa décision controversée de lever la suspension de l’agence antidopage russe, Rusada, annoncée le 20 septembre. L’AMA avait exigé l’accès à ces données avant le 31 décembre, sous peine de prendre de nouvelles sanctions.

Mais la délégation de cinq experts, arrivée à Moscou lundi, n’a pu extraire les milliers de données brutes en question car les autorités russes ont eu des exigences techniques de dernière minute, selon le communiqué.

Le blocage des autorités russes

« L’équipe a été incapable de terminer sa mission dans le temps imparti en raison d’une question soulevée par les autorités russes, exigeant que l’équipement utilisé pour l’extraction des données soit conforme à la législation russe », souligne l’agence mondiale, basée à Montréal.

« Cette question n’avait pas été évoquée lors d’une réunion préliminaire le 28 novembre à Moscou, après laquelle l’AMA a renvoyé son équipe d’experts à Moscou pour récupérer les données », regrette l’agence.

La délégation, conduite par l’expert antidopage espagnol José Antonio Pascual, va désormais rédiger son rapport qui sera transmis au Comité de révision de la conformité de l’AMA. Ce comité indépendant se réunira les 14 et 15 janvier pour examiner les suites à donner à cette affaire.

Les recommandations de ce comité, qui pourrait demander une nouvelle suspension de Rusada, seront ensuite examinées par le Comité exécutif de l’agence.

La balle dans le camp de la Russie

L’AMA a toutefois laissé une porte ouverte à Moscou, précisant que son équipe d’experts « se tenait prête à procéder à l’extraction de toutes les données si le problème était résolu rapidement par la Russie ».

L’échec de sa mission à Moscou constitue une nouvelle déconvenue pour l’AMA, qui comptait sur ces données pour éclairer un peu plus la sombre période de dopage institutionnel dans ce pays (2011-2015), et ouvrir éventuellement des procédures disciplinaires contre des sportifs.

Cette étape devait être un pas important pour une résolution définitive de la crise avec la Russie. Les premières révélations sur un système de corruption sont apparues fin 2014 avec les premières révélations sur un système de corruption dans l’athlétisme. Par la suite, des enquêtes à la demande de l’AMA ont dévoilé un véritable système de dopage institutionnel, avec la participation de rouages de l’Etat, dont les services secrets FSB, qui a pu toucher trente sports et concerner un millier de sportifs, selon les conclusions du juriste canadien Richard McLaren.

Les sanctions, dont certaines sont toujours en cours, ont commencé fin 2015 dont celle, très symbolique, de participer aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang en Corée du Sud sous la bannière olympique et non le drapeau russe.