LES CHOIX DE LA MATINALE

Entre les derniers cadeaux et les courses du réveillon, et si vous faisiez une pause replays ? Ce week-end, trois univers à découvrir : Sergio Leone et les siens, les plus belles mosquées du monde, et quatre compétiteurs français de MMA (pour mixed martial arts), cette synthèse entre le judo, le ju-jitsu brésilien, la lutte, le karaté et la boxe thaïe, qui a conquis le monde.

Sergio Leone, l’Américain

Les acteurs et le réalisateur du film, Sergio Leone, sur le tournage de "Il était une fois dans l'Ouest", en 1968. / BRIDGEMANIMAGES.COM

A travers ses films, Sergio Leone n’aura cessé de fantasmer une Amérique mythologique, cinématographique et universelle. Ce documentaire a été bien inspiré en suivant le fil conducteur de l’enfance ; tous ses longs-métrages sont habités par son regard d’enfant. Né en 1929, le réalisateur italien grandit en plein cœur du Trastevere, quartier populaire de Rome, où il découvre les comics et les fourberies d’Arlequin et de Polichinelle qui influenceront ses personnages pittoresques, tel Peripero, le croque-mort dans Pour une poignée de dollars.

Le documentaire retrace l’histoire de sa famille. Son père, célèbre cinéaste, dont le pseudonyme était Roberto Roberti, fut banni par le dictateur italien Benito Mussolini. Cette époque, marquée par la seconde guerre mondiale, et pendant laquelle il connaîtra la faim et la pauvreté, fera de lui « un pessimiste, un socialiste déçu, au point d’être un anarchiste ». Cette fêlure originelle le conduira à se recroqueviller sur les siens, sa femme Carla et ses trois enfants. D’où une vision désabusée du monde et une dénonciation des totalitarismes.

Ainsi apprend-on à mieux connaître Sergio Leone. On découvre ses blessures : le cinéaste entend retirer son nom du générique lorsque les producteurs américains coupent Il était une fois en Amérique pour en faire une version de deux heures. Sans oublier nombre d’anecdotes. Ainsi sur le tournage du Bon, la brute et le truand (1966), un capitaine de l’armée espagnole fait exploser le pont que sont censés se disputer nordistes et confédérés, alors que la caméra de Sergio Leone n’a pas commencé à tourner. Antoine Flandrin

« Sergio Leone, une Amérique de légende », de Jean-François Giré (France, 2018, 52 minutes). Disponible sur YouTube jusqu’au 7 janvier 2019.

Mosquées à travers le monde

MONUMENTS SACRES Mosquées arts et espaces extrait01
Durée : 01:48

Retrouver ce qui fait la beauté de l’architecture sacrée musulmane, loin des formules-chocs comme « clash des civilisations », et des débats sans fin sur l’islam politique, telle est l’ambition de ce premier volet de la collection ­« Monuments sacrés ».

Ce premier épisode nous fait partir à la découverte de six des plus belles mosquées du monde : le dôme du Rocher, à Jérusalem, achevé en 691 ; la mosquée de ­Cordoue, commencée en 786, devenue cathédrale en 1523 ; la mosquée Ibn Touloun, construite au Caire, à la fin du IXe siècle ; la mosquée Souleimaniyé, érigée entre 1550 et 1557 à Istanbul ; la mosquée du cheikh Lotfallah, élevée au début du XVIIe siècle à Ispahan, et la Jama Masjid, bâtie au milieu du XVIIe siècle à New Delhi. Le parti pris ici est avant tout architectural et esthétique : le film met en lumière les prouesses techniques déployées pour ériger, décorer et embellir ces joyaux de l’art islamique.

Le film va au-delà de la splendeur des monuments, pour en montrer la fonction. Ces six grandes mosquées ont en commun d’avoir toutes été des marqueurs de pouvoir ; des historiens et des architectes donnent des éclairages sur les emprunts et les ruptures d’une dynastie musulmane à l’autre. Ce n’est donc pas un catalogue de monuments figés que ce documentaire propose, mais une ­fresque restituant les grands mouvements historiques, dont témoignent ces mosquées. Reflets de la foi des hommes et des femmes, ­elles sont aussi le produit des migrations, des conquêtes, des révolutions philosophiques et artistiques, ainsi que de l’évolution du dogme. Un beau voyage dans le temps et dans l’espace. A. Fl.

« Monuments sacrés. Mosquées : art et espace », de Bruno Ulmer (France, 2018, 1 h 29). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 1er février 2019 et sur YouTube.

Liberté en cage

Combattants : 8 idées reçues sur le MMA (bonus)
Durée : 02:00

En une quinzaine d’années, le MMA (pour mixed martial arts), synthèse entre le judo, le ju-jitsu brésilien, la lutte, le karaté et la boxe thaïe, a conquis le monde.

Dans cette discipline, une seule règle compte : être le meilleur combattant MMA du monde. Un titre qu’il faut aller arracher en cage, dans l’octogone, le ring grillagé. Cette pratique extrême est désormais internationalement reconnue grâce à son principal promoteur américain : l’UFC. L’Ultimate Fighting Championship est bien plus qu’un championnat, c’est aussi devenu une marque vénérée par ses fans. Mais en France, les tournois de l’UFC (ou d’autres ligues) restent interdits : trop violents pour les autorités, alors même que la pratique se développe dans les clubs.

Certes, le sang peut couler et les os craquer sous les coups, mais, ­contrairement aux idées reçues, le MMA est un sport qui demande une immense intelligence et une rigueur à toute épreuve. C’est cet aspect humain que s’attache à montrer le documentaire Combattants à travers le portrait de quatre compétiteurs français qui rêvent tous de l’UFC. Morgane Ribout (ancienne championne du monde de judo), Karl Amoussou (policier de la brigade anti-criminalité), Taylor Lapilus et son frère Damien parlent du MMA avec amour et expliquent en quoi l’octogone leur procure un sentiment absolu de « liberté ».

Ce film intime – un peu long et qui pêche parfois dans sa réalisation – les suit dans leur quotidien. Karim Ben-Ismail, journaliste à L’Equipe et auteur du documentaire, a su faire émerger une belle parole. Mustapha Kessous

« Combattants », de Julien Seri et Karim Ben-Ismail (France, 2018, 90 minutes). Disponible sur Mycanal.fr.