La pétition en ligne pour soutenir un recours en justice contre l’Etat français pour inaction climatique, lancée par quatre ONG, recueille dimanche matin plus de 1,5 million de signatures, du jamais vu en France.

Ces signatures ont été recueillies en cinq jours. Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour la nature et l’Homme (FNH) et l’association Notre Affaire à tous, avaient rendu publique lundi leur initiative. Le texte, disponible sur le site laffairedusiecle.net, vise 2 millions de soutiens.

« Aucun d’entre nous ne s’attendait à un tel succès et aussi rapidement », a reconnu Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, auprès de l’Agence France-Presse (AFP). En 2016, la pétition en ligne contre le projet de loi El Khomri sur la réforme du droit du travail avait dépassé le cap d’un million de signatures en deux semaines.

Cette mobilisation montre que « les questions liées au réchauffement climatique et à la biodiversité sont au centre des préoccupations » des citoyens, se félicite Audrey Pulvar, présidente de la FNH.

Le temps n’est plus au débat

Les ONG ont adressé lundi une requête préalable au gouvernement, accusé de « carence fautive » par son « action défaillante » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a deux mois pour répondre. Elles prévoient dans un second temps, en mars probablement, d’introduire un recours juridique devant le tribunal administratif de Paris, une première à l’échelle française.

Les citoyens « ont envie de passer à l’action, cela nous renforce dans l’espoir que le gouvernement ne reste pas sans réponse », affirme Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a invité les ONG à participer au grand débat national promis à la suite du mouvement des « gilets jaunes ». Mais pour les associations, le temps n’est plus au débat mais à l’action.

L’annonce des associations est tombée au lendemain d’une conférence climat de l’ONU (COP24) qui a déçu par l’incapacité des pays à renforcer leur action. Les plaignants soulignent que la France, dont les émissions de GES sont reparties à la hausse en 2015, ne respecte notamment pas ses objectifs de court terme.

Face aux dérèglements climatiques, les recours en justice se multiplient dans le monde contre l’insuffisance des mesures prises. Aux Pays-Bas, un tribunal, saisi par l’ONG Urgenda au nom de 900 citoyens, a ordonné en 2015 à l’État de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 25 % d’ici à 2020. Le jugement a été confirmé en octobre.