Eric Drouet, l’une des figures du mouvement des « gilets jaunes », s’entretient avec son avocat Kheops Lara (derrière) alors qu’il quitte le palais de justice de Paris à l’issue de sa garde à vue, le 23 décembre 2018. / FRANCOIS GUILLOT / AFP

Éric Drouet, l’un des initiateurs des « gilets jaunes » interpellé samedi 22 décembre lors de l’« Acte VI » des manifestations à Paris, sera jugé le 5 juin prochain.

Dans l’attente de ce procès, il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de porter une arme, a indiqué une source judiciaire à l’AFP. Il n’est cependant pas interdit de se présenter à Paris contrairement à ce que le parquet de Paris avait demandé, a-t-on appris de même source et auprès de son avocat.

Il sera jugé pour « port d’arme prohibé de catégorie D », après avoir été retrouvé porteur d’une sorte de matraque, et pour « participation à un groupement formé en vue de violences ou de dégradations ». Interpellé samedi après-midi, il a été présenté dimanche matin à un magistrat du parquet de Paris, qui lui a notifié qu’il serait jugé le 5 juin devant le tribunal correctionnel.

Manifestation non déclarée

Éric Drouet, 33 ans, un chauffeur routier de Melun (Seine-et-Marne), est une des voix qui pèsent dans la contestation qu’il définit lui-même comme « populaire » et « totalement apolitique ». C’est lui qui sur sa page Facebook avait appelé les « gilets jaunes » à commencer leur mobilisation parisienne de samedi à Versailles, avant de changer de destination et de les inviter à se rendre sur la butte Montmartre. Les manifestants avaient ensuite déambulé dans plusieurs quartiers de la capitale. Éric Drouet a été arrêté samedi vers 14h15 rue Vignon, dans le quartier de la Madeleine, au milieu de quelques dizaines de manifestants.

« M. Drouet a appelé à cette manifestation, sur les réseaux sociaux, il a donné un certain nombre de lieux de rendez-vous et il était présent sur ces lieux, donc c’est un organisateur, à ce titre-là c’est un délit d’organiser une manifestation non déclarée », a déclaré samedi soir sur BFMTV le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez. « La justice tranchera pour savoir s’il y a bien eu délit », sachant qu’« organiser une manifestation non déclarée, c’est un délit », a-t-il ajouté. Cette charge n’a pas été retenue pour l’instant contre Eric Drouet par le parquet, mais l’enquête sur cet aspect se poursuit, a précisé la source judiciaire.

« Arrestation arbitraire »

Créée mi-octobre, la page Facebook d’Éric Drouet appelant au « blocage national contre la hausse des carburants » a été rapidement suivie par des dizaines de milliers de personnes, amorçant la mobilisation nationale du 17 novembre, l’« acte I » des « gilets jaunes ».

Dimanche soir, des « gilets jaunes de la première heure » dénoncent dans un communiqué « l’agression brutale, l’arrestation arbitraire et injustifiée dont a été victime Éric Drouet » et exigent du gouvernement « l’abandon de toutes les charges injustifiées » à son égard. Parmi les signataires, des figures emblématiques du mouvement comme Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », Priscillia Ludosky ou Laëtitia Dewalle.

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Durée : 06:03

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