Canal+ Séries, dimanche 23 décembre à 20 h 50, minisérie

Attention, pépite, pourrait-on dire, tant c’est cadeau de la part de Canal+ de diffuser, à la veille de Noël, les trois premiers épisodes de The Bisexual. C’est cru, c’est cash, c’est surtout très bien vu, comme une version plus politique, contemporaine et réaliste de The L Word (sorte de Friends revue à la sauce lesbienne des années 2000), et ce d’autant que Girls est passé par là. D’ailleurs, sa créatrice, Desiree Akhavan, a joué dans la série imaginée par Lena Dunham. Après avoir réalisé un court-métrage et une websérie (The Slope), c’est en donnant des interviews pour son premier long-métrage (Approprite Behavior, 2014) que Desiree Akhavan a eu l’idée de The Bisexual : « On me présentait en tant que réalisatrice bisexuelle irano-américaine. A chaque fois que j’entendais “bisexuelle”, ça me tendait. Pourtant, c’est la vérité », a expliqué la jeune femme de 34 ans.

Dans l’épisode 3, le personnage principal (Leila, qu’elle incarne) le formulait ainsi : « Quand tu as dû te battre pour ça, l’homosexualité te définit pour l’essentiel. Choisir d’être gay ou straight entraîne un tout autre mode de vie. D’autres sapes, d’autres amis, tu peux pas être les deux. » Mais reprenons : Leila, donc, la trentaine, vit en couple avec Sadie, dix ans de plus, qui lui rappelle qu’« être gouine dans les années 1980, ça voulait dire tailler une pipe à un type de ta classe pour faire taire les rumeurs et que ta mère puisse faire les courses tranquille au supermarché » (épisode 4). A chacune sa croix, comme dirait l’autre. En tout cas, quand Sadie lui propose (dès le début de l’épisode 1) la totale – mariage et bébé –, Leila la quitte, réalisant qu’elle n’est pas prête à s’engager.

Maxine Peake (Sadie) et Desiree Akhavan (Leila) dans la minisérie « The Bisexual », de Desiree Akhavan et Rowan Riley. / TEREZA CERVENOVA

Plus qu’une série identitaire

Et c’est cela que raconte The Bisexual, qu’il serait dommage de réduire à une série identitaire quand, clairement, ce sont les étiquettes que Desiree Akhavan interroge et dépasse. C’est bien plus l’odyssée d’une femme qui, errant dans un Londres largement cosmopolite et résolument contemporain (principalement le quartier de Hackney), s’interroge sur ses peurs et ses désirs. Interrogations qu’elle partage avec son colocataire, incarné à merveille par Brian Gleeson (vu récemment dans Logan Lucky, de Steven Soderbergh, ou Mother !, de Darren Aronofsky).

En panne d’écriture depuis la publication remarquée de son premier roman, il est lui aussi englué dans un tas de questions plus ou moins existentielles alors qu’il sort avec l’une de ses étudiantes, visiblement plus intéressée par sa capacité à lui obtenir un visa (elle est d’origine argentine) que persuadée de ses capacités à la faire jouir. Alors, ensemble, elle la lesbienne-bi et lui le mal casé en mal de véritable amour, ils écument les fêtes. On boit beaucoup (de bière). On couche beaucoup (enfin, elle, surtout). On parle beaucoup – de tout. On rit et on pleure, et parfois, même, les deux à la fois. Servie par des acteurs et actrices formidables, cette minisérie (seulement six épisodes, malheureusement) démontre encore, et si besoin était, tout le talent de Desiree Akhavan, qui a obtenu, cette année, le grand prix du jury du Festival du film de Sundance pour son long-métrage (disponible en VOD) Come as You Are, qui pourrait être, rêvons un peu, un super mot d’ordre pour Noël, non ?

The Bisexual - Bande annonce - CANAL+
Durée : 00:31

The Bisexual, de Desiree Akhavan et Rowan Riley, les 23 et 30 décembre (6 × 30 min). Disponible sur MyCanal en intégralité dès la première soirée. www.mycanal.fr