La police du Bangladesh a arrêté plus de 10 500 militants de l’opposition au cours des dernières semaines, ont déclaré, mardi 25 décembre, les partis d’opposition en dénonçant une opération d’intimidation avant les élections législatives prévues dimanche.

Ces chiffres sont publiés alors que les États-Unis ont exhorté le gouvernement de la première ministre Sheikh Hasina, qui vise un quatrième mandat, à faire davantage pour garantir la liberté de vote durant ces élections.

Les partis d’opposition ont déclaré que la vague d’arrestations depuis la convocation des élections le 8 novembre visait à créer un « climat de peur ». Le principal parti nationaliste d’opposition, le Parti nationaliste bangladais (BNP), dont la dirigeante Khaleda Zia est actuellement en prison, a déclaré que 7 021 de ses militants avaient été arrêtés.

Son allié islamiste, Jamaat-e-Islami, a ajouté que plus de 3 500 de ses partisans avaient été placés en détention. Le Jamaat-e-Islami n’est pas autorisé à participer aux élections, mais il a des candidats à titre individuel avec le BNP.

Climat de peur

Le BNP avait espéré que le déploiement de 30 000 des forces de sécurité lundi améliorerait la sécurité dans ce pays de 165 millions d’habitants à majorité musulmane. Mais « chaque jour, 80 à 90 de nos militants sont arrêtés dans le pays. Ces arrestations ont créé un climat de peur », a déclaré le secrétaire général du Jamaat, Shafiqur Rahman, à l’Agence France-Presse (AFP).

Un porte-parole de la police, Sohel Rana, n’a pas confirmé le nombre d’arrestations, mais a déclaré qu’aucune arrestation n’était effectuée sans mandat. « Nous ne ciblons jamais un individu à moins qu’il n’enfreigne la loi. Ces personnes ont des mandats d’arrêt précis contre elles », a-t-il déclaré à l’AFP.

Rizvi Ahmed, porte-parole du BNP, a répondu que les accusations portées contre les militants étaient des cas « fictifs » et « fantômes » visant à une « élection déséquilibrée » en faveur de Sheikh Hasina.

Une dizaine de journalistes blessés

Le BNP et ses alliés ont également accusé la police et les militants du parti Awami League au pouvoir d’attaquer leurs militants et candidats.

Lundi soir, une dizaine de journalistes locaux couvrant les élections ont été blessés à Nawabganj (centre) dans une attaque contre un motel où ils résidaient, selon Masud Karim, correspondant spécial du quotidien national bengali Jugantor.

Seize voitures ont été vandalisées et « au moins 10 journalistes de Jugantor et Jamuna TV ont été blessés », a-t-il déclaré à l’AFP, accusant la police d’avoir tardé à intervenir. Le quotidien, qui a également indiqué être sans nouvelles d’un de ses journalistes depuis lundi soir, a incriminé les sections étudiantes et de jeunes de l’Awami League pour cette attaque. La police a dit ne pas connaître l’identité des agresseurs.