Le président ukrainien Petro Porochenko, au centre, lors d’une cérémonie militaire près de Jitomir, dans le centre de l’Ukraine, le 21 décembre 2018. / MIKHAIL PALINCHAK / REUTERS

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé, mercredi 26 décembre, la levée de la loi martiale instaurée à la fin de novembre dans plusieurs régions frontalières ukrainiennes à la suite d’une confrontation maritime avec la Russie au large de la péninsule annexée de Crimée.

« Aujourd’hui, à 14 heures [12 heures GMT], la loi martiale prend fin », a déclaré M. Porochenko, au cours d’une réunion de son Conseil de sécurité nationale retransmise à la télévision. Selon le président ukrainien, la décision de lever la loi martiale « se fonde sur l’analyse de tous les éléments de la situation actuelle dans le domaine de la sécurité dans le pays ».

La Russie a arraisonné manu militari, le 25 novembre, trois navires de guerre ukrainiens au large de la Crimée et capturé les 24 marins se trouvant à leur bord, les accusant d’avoir illégalement pénétré dans ses eaux territoriales.

Il s’agissait de la première confrontation militaire ouverte entre les deux pays depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 et le début, la même année, du conflit meurtrier dans l’est de l’Ukraine entre forces gouvernementales et séparatistes prorusses.

Menace d’une « guerre totale »

Après cette confrontation maritime, M. Porochenko avait accusé la Russie d’avoir drastiquement renforcé ses effectifs militaires à la frontière entre les deux pays et évoqué la menace d’une « guerre totale ». Les autorités ukrainiennes avaient alors introduit en réponse la loi martiale pour trente jours dans les régions frontalières et côtières, dernier épisode en date de la crise sans précédent dans les relations entre Moscou et Kiev.

Cette mesure controversée, qui permet de mobiliser les citoyens, de réguler les médias et de limiter les rassemblements publics arrivait à échéance mercredi, mais les autorités avaient laissé planer le doute quant à leur volonté de la prolonger.

L’Ukraine et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, ce que Moscou dément. Plusieurs pays occidentaux, tout comme Kiev, ont également accusé la Russie d’« actions illégales » en mer Noire, et le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annulé sa rencontre avec Vladimir Poutine prévue en marge du sommet du G20 en Argentine il y a un peu moins d’un mois.

Nouvelles sanctions contre la Russie

« Le soutien et les actions concrètes de nos partenaires internationaux, leurs pressions sur le Kremlin, ainsi que la loi martiale ont empêché le pire scénario planifié par la Russie », a assuré M. Porochenko. Il a par ailleurs annoncé que l’Ukraine allait introduire de nouvelles sanctions contre la Russie, notamment pour l’« agression contre l’Etat ukrainien en mer Noire ».

Ces sanctions vont viser plusieurs députés de la Douma (chambre basse du Parlement russe), notamment du parti au pouvoir, Russie unie, et du Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR), un parti ultranationaliste, ainsi que les entreprises qui « agissent d’une façon ou d’une autre contre l’Ukraine », selon M. Porochenko.

Mardi, la Russie avait annoncé avoir ajouté 245 personnalités et sept entreprises ukrainiennes, notamment dans le secteur de l’énergie et la défense, sur sa liste de sanctions économiques contre l’Ukraine.