Miguel Angel Ibarra exerçait comme prêtre depuis au moins dix-huit ans. Du moins, officiellement. Pourtant, ce Colombien, qui exerçait dans une paroisse d’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, n’avait jamais été ordonné. Peu avant Noël, il a été suspendu de ses fonctions, a-t-on appris par la chaîne de télévision colombienne Caracol le 21 décembre.

Le quotidien espagnol El País relate comment l’homme a réussi à exercer dans plusieurs paroisses, en disant être prêtre depuis son ordination, en 1998, documents à l’appui. Il a notamment été accepté, en 2011, à Santa Fe de Antioquia, dans l’ouest de la Colombie, où il a exercé dans plusieurs paroisses. Puis, en octobre 2017, il est arrivé en Espagne dans le cadre d’un accord entre l’archevêché de Santa Fe et le diocèse de Cadix. Des accords de ce type peuvent être établis dans les pays occidentaux qui manquent de prêtres.

Plainte pour faux

Avant de commencer à officier dans le diocèse, Miguel Angel Ibarra a présenté « tous les documents nécessaires », selon le communiqué de l’évêché de Cadix. Ceux-ci auraient été préalablement vérifiés par l’Eglise catholique colombienne. L’homme a ensuite exercé à La Coronada et Medina Sidonia, petites villes du sud de l’Espagne.

Après une dénonciation pour faux, l’archevêché de Santa Fe de Antioquia a mené une « enquête approfondie », qui a conclu que Miguel Angel Ibarra n’avait jamais reçu l’ordination.

Le diocèse de Cadix et Ceuta a immédiatement suspendu l’imposteur de ses fonctions. Selon le site de la chaîne de télévision colombienne Noticias Caracol, cela faisait plusieurs mois que des doutes planaient autour de ce prêtre.

Miguel Angel Ibarra conteste cette version. Selon lui, il a été ordonné prêtre le 4 janvier 1998 par Augusto Trujillo Arango, archevêque de Tunja (Colombie) dans sa chapelle privée. Ce dernier est mort en 2007, avant que Miguel Angel Ibarra n’apparaisse à Santa Fe de Antioquia. Il a déclaré au quotidien espagnol El País qu’il allait se rendre en Colombie avec un avocat pour se défendre auprès de l’archevêché de Santa Fe. Il explique que la publicité de l’affaire, depuis vendredi, est une « blessure psychologique et morale ». 

Les baptêmes et les mariages valides

Suivant un cas similaire à Séville en 2012, le diocèse de Cadix assure que les baptêmes et les mariages célébrés par ce prêtre sont toujours valides si les fidèles étaient de bonne foi – une position qui fait débat. Ces cérémonies n’ont pas besoin d’être de nouveau effectuées mais elles sont tout de même illicites, ce qui signifie que le prêtre n’avait pas le droit de mener ces cérémonies du point de vue de la loi canonique.

Mais pour d’autres sacrements, c’est différent : les eucharisties administrées et les confessions entendues sont quant à elles considérées comme invalides. Une porte-parole du diocèse de Cadix a tout de même précisé que « la grâce de Dieu » agissait sur les fidèles trompés par le curé.