Le Français Jean-Claude Arnault quitte le tribunal de Stockholm, le 24 septembre 2018, lors de son procès en appel. / JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Cette affaire avait entraîné le report de l’attribution du prix Nobel de littérature 2018. Au centre d’un scandale sexuel, le Français Jean-Claude Arnault a fait appel devant la Cour suprême suédoise de sa condamnation pour viol, a annoncé jeudi 27 décembre la plus haute instance judiciaire du pays.

Figure influente dans les milieux de la culture en Suède, Jean-Claude Arnault, 72 ans, avait été reconnu coupable début décembre par une cour d’appel du viol à deux reprises d’une femme et condamné à deux ans et six mois de prison.

La Cour suprême a donné à M. Arnault jusqu’au 28 janvier pour fournir de nouveaux arguments à l’appui de sa demande. La Cour suprême ne prend en charge que les affaires susceptibles de créer un précédent judiciaire, ou les cas où il existe des raisons exceptionnelles pour réviser une décision de justice. M. Arnault n’a fait aucune déclaration publique.

Dans le sillage du mouvement #metoo

Le scandale, qui a ébranlé l’Académie suédoise, a éclaté en novembre 2017, dans le sillage du mouvement #metoo, un mois après les révélations sur les viols et les autres agressions sexuelles imputés au producteur de cinéma américain Harvey Weinstein.

Marié à la poétesse Katarina Frostenson, membre de l’académie, le photographe entretenait des liens étroits avec cette institution qui décerne depuis 1901 le prix Nobel de littérature.

Jean-Claude Arnault était le directeur artistique de Forum, un club très sélect qu’il avait créé en 1989 et où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, et de nombreuses jeunes femmes. Il recevait de généreux subsides de l’académie et se vantait d’en être le « 19e membre ». Selon des témoins, il soufflait le nom des futurs lauréats du Nobel à ses amis.

Dix-huit femmes, dont la plaignante, avaient témoigné en novembre 2017 dans le quotidien Dagens Nyheter, accusant M. Arnault de viols, agressions sexuelles et faits de harcèlement.

Plusieurs membres de l’académie, profondément divisée sur la façon de gérer cette crise, l’avaient quittée à la suite du scandale. Décrédibilisée, privée du quorum nécessaire pour fonctionner après le départ de plusieurs membres, l’Académie suédoise avait reporté d’un an l’annonce du Nobel 2018, une première depuis soixante-dix ans.