Les indices vedette de la Bourse de New York, après s’être emballés en toute fin de séance, ont enregistré mercredi 26 décembre leur meilleure performance depuis 2009, repartant ainsi nettement de l’avant après une chute tout aussi spectaculaire au cours des derniers jours.

L’indice S&P 500, considéré comme le plus représentatif par les investisseurs, était pourtant encore lundi tout près de basculer dans ce qui est symboliquement appelé un « marché déprimé », quand un indice chute de plus de 20 % : il avait perdu 19,8 % depuis son récent pic fin septembre. Il a rebondi mercredi de 4,96 % pour terminer à 2 467,70 points.

Le Dow Jones Industrial Average, l’indice star de la place new-yorkaise, a lui progressé de 4,98 % ou 1 086,2 points, pour finir à 22 878,36 points. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, s’est envolé de 5,84 % pour clôturer à 6 554,36 points.

Rebond technique

Cette progression correspond surtout à un rebond technique après une période particulièrement chaotique à Wall Street : les indices, après leur pire semaine depuis 2008, s’étaient encore enfoncés lundi et avaient encaissé leur pire performance jamais enregistrée la veille d’un Noël.

Après une telle débandade, le marché « était franchement prêt pour un rebond », relève Matt Miskin de Manulife Asset Management. « C’est fou de voir comment les investisseurs peuvent être aussi pessimistes et le lendemain se dire que les choses ne vont pas si mal », ajoute-t-il. « Fondamentalement, rien n’a changé », abonde Karl Haeling de LBBW.

Faute d’un accord entre démocrates et républicains sur le financement d’un mur à la frontière mexicaine, les administrations américaines restaient encore partiellement fermées mercredi et aucune solution ne semblait en vue.

Les nuages planant sur les marchés financiers depuis octobre - la guerre commerciale entre Washington et Pékin, la crainte d’un ralentissement économique mondiale, la peur de voir la Banque centrale américaine remonter trop rapidement ses taux d’intérêt -, ne se sont pas non plus dissipés.

Consommation en forme

Mais dans un marché aux faibles volumes en cette période de fêtes, ce considérable retournement de tendance a été alimenté par la vigueur du secteur de l’énergie, qui a profité de l’envolée de près de 9 % du baril de pétrole coté à New York.

Autre élément entraînant : Amazon a gagné 9,45 % après avoir indiqué n’avoir jamais envoyé autant d’articles pour les fêtes de fin d’année. Un signal encourageant pour l’ensemble du secteur de la distribution et la consommation des Américains en général.

Quelques grandes stars de la tech étaient aussi à la fête : Facebook s’est apprécié de 8,16 %, Apple de 7,04 % et Microsoft de 6,83 %.

L’état d’esprit du marché a également été rasséréné par des commentaires d’un conseiller de la Maison Blanche, Kevin Hassett, qui a assuré que le poste de Jerome Powell à la présidence de la Banque centrale américaine n’était aucunement menacé.

Des informations de presse avaient évoqué en fin de semaine dernière un possible limogeage du patron de l’institution par Donald Trump, une éventualité redoutée par des investisseurs s’inquiétant déjà de voir partir un à un les responsables considérés comme les plus importants contre-poids aux décisions intempestives du locataire de la Maison Blanche.

« Occasion formidable »

Le président américain avait alimenté cette crainte en critiquant de nouveau ouvertement lundi et mardi la politique de la Réserve fédérale, coupable à ses yeux de relever les taux d’intérêt « trop rapidement » et d’être le « seul problème » de l’économie américaine.

Mais Donald Trump a aussi reconnu mardi que la décision de relever les taux reflétait la bonne santé de l’économie et des entreprises aux Etats-Unis. Il a dans la foulée appelé les Américains à placer leur argent sur le marché des actions, affirmant que la situation actuelle était « une occasion formidable » pour investir.

Dans ce regain d’appétit pour le risque, le marché obligataire a reculé, le taux d’intérêt sur la dette à dix ans des États-Unis remontant à 2,807 %, contre 2,738 % lundi à la clôture, et celui à 30 ans à 3,065 %, contre 2,993 %.