Un magasin HMV à Londres, Royaume-Uni, le 28 décembre 2018. / FRANK AUGSTEIN / AP

C’est un nouveau coup dur pour l’industrie du disque. Et un signe des temps, alors que le commerce en magasin termine une année noire au Royaume-Uni. Le disquaire britannique mythique HMV fait à nouveau faillite, a-t-on appris vendredi 28 décembre à cause des chiffres décevants enregistrés pendant la période de Noël. Les magasins HMV constituent la dernière enseigne spécialisée du pays. Du temps de son âge d’or, la chaîne possédait la maison de disque des Beattles et c’est en 1921 qu’avait ouvert le premier magasin de l’enseigne (His Master’s Voice, La Voix de son maître). Il appartenait à la Gramophone Company, qui l’a doté de son logo légendaire, le chien qui écoute un gramophone.

Selon un communiqué publié vendredi par son propriétaire, le fonds Hilco HMV a annoncé son intention de nommer le cabinet KPMG comme administrateur. Ce dernier va avoir pour mission de trouver de potentiels repreneurs pour la marque qui possède 125 magasins au Royaume-Uni, lesquels resteront pour l’heure ouverts le temps que des discussions se tiennent avec les fournisseurs. Deux mille emplois sont en jeu. HMV avait fait faillite une première fois en 2013, souffrant déjà de l’impact des ventes en ligne, avant d’être racheté dans la foulée pour 50 millions de livres par Hilco.

Secteur de la distribution en berne

« Même une société très bien gérée et connue comme HMV ne peut pas résister à la vague de défis auxquels font face les distributeurs britanniques depuis douze mois en plus des changements majeurs dans les habitudes des consommateurs sur le marché du divertissement », a déclaré Paul McGowan, directeur exécutif de HMV et de Hilco. Le dirigeant fait notamment référence au succès des plates-formes de musique en ligne Spotify ou iTunes, ainsi qu’aux services de vidéo à la demande, comme Netflix et Amazon Prime. Au Royaume-Uni, le chiffre d’affaires de la musique en ligne a dépassé celui des ventes en magasins de CD et d’enregistrements pour la première fois en 2012.

Cette période de fêtes morose ne fait qu’enfoncer un peu plus un marché de la distribution physique déjà plombé par la concurrence d’Internet, le coût des loyers, le poids de la taxe foncière ou encore la déprime des consommateurs en raison du flou entourant le Brexit. La confiance des consommateurs britanniques est tombée au plus bas depuis cinq ans en décembre, selon une étude publiée récemment par l’institut d’analyses économiques GfK.

Près de 150 000 emplois ont été supprimés dans la distribution au Royaume-Uni en 2018, selon des calculs de l’agence Press Association (PA). Parmi les faillites emblématiques de l’année figurent le spécialiste des vêtements Calvetron, la branche britannique des magasins de jouets Toys’R’Us, des boutiques de produits électroniques Maplin ou encore des magasins de discount Poundworld. Les grands magasins ont également souffert avec la faillite de House of Fraser, finalement racheté par l’enseigne Sport Direct, alors que Marks and Spencer et Debenhams ont annoncé des fermetures d’établissements.