Les rangers du parc national Joshua Tree en Californie ont été mis au chômage forcé du fait du « shutdown ». / ROBYN BECK / AFP

Depuis le 22 décembre à minuit, tout est figé dans les parcs nationaux américains. La faute au shutdown, cette paralysie des administrations fédérales due à une absence de consensus politique. Et avec elle, quelque 21 000 fonctionnaires employés du National Park Service (NPS) mis au chômage forcé et sans salaire.

En pleine saison haute, le NPS a ainsi annoncé qu’il « n’assurerait pas le fonctionnement des parcs pendant le shutdown et ne fournirait pas de services aux visiteurs », y compris « les toilettes, le ramassage d’ordures, l’entretien des routes et installations ». Des annonces qui ont poussé des centaines de bénévoles à venir prêter main-forte aux autorités locales pour continuer d’exploiter ces lieux touristiques souvent déterminants pour l’équilibre économique régional.

« Un semblant de normalité » à Joshua Tree

Autour de Joshua Tree, en Californie, connu pour ses magnifiques arbres de Josué et ses énormes monolithes de granit, de nombreux bénévoles sont ainsi venus en renfort, alors que le parc connaît son pic de fréquentation entre Noël et le jour de l’An. Des dizaines de volontaires s’affairent ainsi pour nettoyer les WC, remettre du papier toilette et ramasser les déchets.

Tout l’approvisionnement vient de la poche des entrepreneurs locaux, mais quelques dons commencent à arriver. « Il y a quelque 150 W.-C. dans le parc ; j’estime que nous avons distribué plus de 500 rouleaux de papier toilette et je ne crois pas que nous ayons atteint tous les W.-C., seulement les plus importants », déclare à l’agence France-Presse John Lauretig, directeur exécutif de l’ONG Friends of Joshua Tree.

« Nous faisons de notre mieux pour maintenir un semblant de normalité, mais nous n’avons pas l’autorité ou le pouvoir d’empêcher une personne qui conduirait en dehors des chemins dédiés, qui couperait un arbre ou volerait des objets. »

Vue du parc national de Joshua Tree, en Californie. / GABRIEL BOUYS / AFP

Dix-sept jours en 2013

Sabra Purdy, qui organise des randonnées depuis huit ans dans le parc, dit avoir vu du désordre lorsqu’elle est entrée dans le parc vendredi, mais « pas de chaos ». « Il y avait beaucoup de gens avec des chiens » alors que ces derniers sont interdits dans certaines zones, « ou qui campaient là où ils ne doivent pas le faire. Mais c’est sûr, ça pourrait être pire », raconte-t-elle. Les volontaires en profitent pour orienter les touristes et leur expliquer les règles. « Ce n’est pas notre premier shutdown et ce ne sera probablement pas le dernier », lâche Mme Purdy.

En 2013, le parc avait fermé pendant dix-sept jours en raison d’une paralysie budgétaire. « Ce fut financièrement dévastateur pour nous », se souvient Mme Purdy. « Les gens ont arrêté de venir, les restaurants locaux et les commerces ont dû se séparer d’employés, ils les avaient renvoyés chez eux parce qu’il n’y avait plus d’argent, plus de visiteurs », affirme, de son côté, M. Lauretig. En décembre 2017, le parc a accueilli 285 493 visiteurs. Sur les onze premiers mois de 2018, 2,4 millions de touristes s’y sont rendus.

Dans le pays, d’autres parcs ont été contraints à une fermeture totale, tandis que d’autres opèrent partiellement. En Californie, les populaires Death Valley et Channel Islands restent ainsi ouverts.