Patrouille des militaires français de l’opération « Sangaris » à Bangui, en septembre 2015. / EDOUARD DROPSY / AFP

Patrice-Edouard Ngaïssona, le chef d’une faction anti-balaka, milice à majorité chrétienne en Centrafrique, devrait bien faire l’objet de poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI). La cour d’appel de Paris a donné, lundi 31 janvier, son feu vert à la remise à la CPI, basée à La Haye, de cette figure des autorités du football africain.

Visé par un mandat d’arrêt de la CPI, M. Ngaïssona, 51 ans, est soupçonné d’avoir commis ou aidé à commettre des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans l’ouest de la République centrafricaine entre septembre 2013 et décembre 2014. Il avait été interpellé en France le 12 décembre et écroué dans la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).

La Centrafrique a basculé dans la violence en mars 2013 avec l’arrivée au pouvoir des rebelles musulmans de la Séléka et la contre-offensive des milices anti-balaka.

Ministre de la jeunesse et des sports sous François Bozizé, Patrice-Edouard Ngaïssona, qui nie toute implication dans les violences, a été élu en février au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), malgré les objections de mouvements de défense des droits humains tels que Human Rights Watch.

« Gros poisson »

L’arrestation de Patrice-Edouard Ngaïssona intervient moins d’un mois après le transfert vers la CPI d’Alfred Yekatom Rhombot, un autre chef anti-balaka. « Que l’on ne s’y trompe pas, avec Ngaïssona, c’est enfin un gros poisson qui vient de tomber dans les filets de la CPI. L’arrestation de cet ancien coordinateur des anti-balaka à Bangui montre la capacité de la justice internationale à s’attaquer aux premiers responsables des violences ensanglantant la Centrafrique depuis 2012 », s’était ainsi félicité Drissa Traoré, le vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme.

Le président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme, Joseph Bindoumi, a, pour sa part, estimé que, « pour éviter les accusations de partialité, (…) il est important de juger l’ensemble des parties s’étant rendues coupables de massacres et d’exactions graves lors d’un conflit. C’est pourquoi nous demandons à ce que des ex-Seleka puissent être arrêtés et jugés. »