A Koupela, dans l’est du Burkina Faso, en octobre 2018. / ISSOUF SANOGO / AFP

L’état d’urgence a été décrété, lundi 31 décembre, dans plusieurs provinces du Burkina Faso, en proie à des attaques djihadistes récurrentes, a annoncé le ministre burkinabé de la communication, Remis Fulgance Dandjinou.

« Le président du Faso a décidé de déclarer l’état d’urgence dans certaines provinces du Burkina Faso. Il a également donné des instructions pour des dispositions sécuritaires particulières sur toute l’étendue du territoire », a déclaré M. Dandjinou à la sortie d’un conseil des ministres extraordinaire sur la « situation sécuritaire ». Ces mesures font suite à une rencontre avec la hiérarchie militaire, convoquée au lendemain de la mort de dix gendarmes, jeudi, dans une embuscade à Toeni, une localité située au nord-ouest de Ouagadougou.

Le Burkina Faso est confronté depuis trois ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. D’abord concentrées dans le nord du pays, elles se sont ensuite étendues à d’autres régions dont celle de l’Est, frontalière du Togo et du Bénin, qui est désormais une deuxième grande zone d’insécurité. Pour le moment, les forces burkinabées semblent incapables d’enrayer le mouvement et les djihadistes étendent leur influence sur des zones de plus en plus grandes. De nombreux observateurs craignent que d’autres régions suivent.

Perquisitions à domicile

L’état d’urgence concerne « plusieurs provinces » à l’intérieur de sept régions (sur les treize que compte le pays), a indiqué M. Dandjinou, citant les régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, du Centre-Est, de l’Est, du Nord et du Sahel. Les détails sur les provinces concernées seront précisés dans un décret présidentiel, a-t-il souligné. « Ces dispositions […] ont pour objectif d’assurer avec sérénité et efficacité la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et de ramener la quiétude au sein des populations », a-t-il justifié.

L’état d’urgence accorde notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de défense et de sécurité, dont celui d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit. Certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation. « Le conseil a échangé sur les nouvelles mesures visant à accélérer la réorganisation opérationnelle des forces de défense et de sécurité, l’amélioration du maillage du territoire, le renforcement de la vigilance et la protection de la population et des infrastructures », a précisé le ministre.

Mercredi, un policier a été tué dans l’attaque du commissariat de district de police de Solan, dans le nord du pays, frontalier du Mali. Les attaques attribuées aux groupes djihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et à d’autres groupuscules ont fait plus de 270 morts depuis 2015. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts.