De gauche à droite et de haut en bas : les présidents Béji Caïd Essebsi (Tunisie), Muhammadu Buhari (Nigeria), Abdelaziz Bouteflika (Algérie) et Macky Sall (Sénégal). / AFP

  • Au Nigeria, Muhammadu Buhari affaibli

Elu président en 2015, le général Muhammadu Buhari, 76 ans, à l’état de santé préoccupant, sera-t-il réélu lors des élections générales du 16 février pour un second mandat ? Son arrivée au pouvoir avait ravivé l’espoir, au sein de la population, d’un assainissement de l’économie, d’une éradication de Boko Haram, d’un rétablissement de l’ordre et d’un climat des affaires propice à attirer les investisseurs étrangers. Son bilan est très critiqué par les Nigérians, qui devront choisir entre lui et Atiku Abubakar, 72 ans, un homme d’affaires influent mais réputé corrompu, désigné par le principal parti d’opposition.

  • Au Sénégal, Macky Sall et qui d’autre ?

L’élection du 24 février serait-elle gagnée d’avance pour Macky Sall, qui a officialisé sa candidature, le 1er décembre, en présence des chefs d’Etats voisins Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), George Weah (Liberia), Adama Barrow (Gambie) et Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie) ? Le président sortant est accusé par l’opposition de vouloir éliminer ses principaux adversaires. Karim Wade est en exil au Qatar après avoir été condamné à six ans de prison puis gracié, tandis que Khalifa Sall, l’un des rares candidats à pouvoir menacer la réélection de Macky Sall, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour escroquerie portant sur des deniers publics. Bien que ses parrainages aient été validés par le Conseil constitutionnel, il faudra attendre la confirmation ou non du jugement par la Cour suprême, jeudi 3 janvier, pour savoir si l’ancien maire de Dakar verra sa candidature annulée.

  • En Algérie, un cinquième mandat pour Bouteflika ?

Après vingt années à la tête de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika sera-t-il candidat à un cinquième mandat en avril ? Alors que le président d’honneur du Front de libération nationale (FLN) a été désigné par des cadres de son parti pour aller au suffrage, l’incertitude plane toujours puisque lui-même n’a pas annoncé officiellement sa candidature. Ce sujet alimente toutes les rumeurs, alors que chacun sait que l’homme de 81 ans est considérablement affaibli depuis son accident vasculaire cérébral en 2013.

  • En Afrique du Sud, l’ANC en reconquête

Après dix ans à la présidence sud-africaine, Jacob Zuma a démissionné en février 2018, alors que les sondages commençaient à laisser imaginer une possible défaite du Congrès national africain (ANC), la première depuis 1994, pour les élections générales de mai 2019. Son successeur, Cyril Ramaphosa, a réussi à renverser cette tendance, au point que l’un des derniers sondages de 2018 donnait de nouveau une probable victoire à l’ANC, avec 60 % des intentions de vote. Cyril Ramaphosa fait face à des urgences contradictoires : il doit convaincre les investisseurs étrangers de revenir pour résorber le chômage (officiellement près de 27 %), tout en poussant des réformes à la fois populaires et susceptibles de couper l’herbe sous le pied aux partis d’opposition. C’est ainsi qu’une réforme agraire permettant des expropriations sans compensations (et visant les propriétaires blancs) est programmée pour 2019.

  • En Tunisie, rendez-vous au mieux en décembre

La Tunisie est secouée par un profond mécontentement. Le 24 décembre, un journaliste s’est s’immolé par le feu à Kasserine pour protester contre les conditions de vie dans sa région, un événement qui rappelle les débuts de la révolution tunisienne, fin 2010, quand la même ville avait été le théâtre des premières manifestations après l’immolation par le feu d’un vendeur ambulant. La question sociale est donc loin d’être réglée dans un pays où le taux de chômage reste très élevé (15,4 % de la population active au second trimestre de 2018). Sur ce contexte social lourd vient se greffer une incertitude sur la date du scrutin à venir. Le président Béji Caïd Essebsi, 92 ans, a assuré le 24 septembre que les scrutins législatif et présidentiel « se tiendront à temps […] en décembre 2019 ».

  • En Libye, un scrutin en forme de mirage

Plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye sera-t-elle en mesure d’organiser des élections générales cette année ? Initialement prévu en 2018 – la France avait fait pression pour qu’il se tienne le 10 décembre –, le scrutin se fait attendre, repoussé à 2019, sans plus de précisions. Pour l’heure, deux groupes se partagent le pays. Le maréchal Khalifa Haftar, patron de l’Armée nationale libyenne, est l’homme fort de la Cyrénaïque (est) et se pose en rival du chef du gouvernement d’accord national, Fayez Al-Sarraj, établi à Tripoli (ouest).