Biram Ould Dah Ould Abeid, à Nouakchott, en Mauritanie, en juin 2014. / SEYLLOU / AFP

Après cinq mois de détention à la suite d’une plainte déposée par un journaliste, le député d’opposition antiesclavagiste mauritanien Biram Ould Dah Ould Abeid est sorti de prison lundi 31 décembre au soir. Au terme d’un procès devant un tribunal de la capitale, Nouakchott, il a été condamné à six mois de prison dont deux mois ferme, une peine qu’il a déjà purgée, puisqu’il était placé en détention depuis le 7 août.

Un militant de son ONG antiesclavagiste, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Abdallahi Ould Housseine, avec qui il était en détention préventive et qui était accusé de complicité, a également été condamné à six mois de prison dont deux mois ferme. Le parquet avait requis cinq ans ferme contre M. Ould Abeid et trois ans ferme contre M. Ould Housseine.

Immunité parlementaire

Après le jugement, les deux détenus sont sortis libres de la prison d’Arafat, dans le sud de la capitale, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). « Je n’ai jamais commis de crime. C’est une manigance des services de renseignement, avec la complicité des juges qui sont inféodés au pouvoir politique », a déclaré à la presse M. Ould Abeid, après son procès. Il avait refusé de s’exprimer à la barre, arguant de son immunité parlementaire.

M. Ould Abeid était pour une plainte du journaliste mauritanien Deddah Abdallah pour « atteinte à l’intégrité d’autrui et menace d’usage de la violence » dans des messages sur les réseaux sociaux. Le journaliste avait retiré sa plainte lundi soir. Le militant antiesclavagiste a été élu député lors des législatives de septembre remportées par le pouvoir, sous les couleurs du parti Assawab, aux orientations baasistes (nationaliste arabe), qui a fait alliance avec l’aile politique de l’IRA.

Le journaliste Deddah Abdallah, à l’origine de la plainte contre M. Ould Abeid, avait réalisé un documentaire sur cette alliance, qualifiée de « contre nature », dans lequel des alliés et adversaires du militant antiesclavagiste étaient interrogés sur son parcours politique et humanitaire.