Une travailleuse agricole sud-africaine à Eikenhof, au sud de Johannesburg, en avril 2012. / Siphiwe Sibeko / REUTERS

Des millions de travailleurs sud-africains vont bénéficier de l’entrée en vigueur, mardi 1er janvier, d’un salaire minimum, a déclaré le président Cyril Ramaphosa à cinq mois de délicates élections générales, dans un pays qui se débat avec une croissance molle et un chômage record.

« Des millions de travailleurs sud-africains en bénéficieront », a déclaré M. Ramaphosa dans ses vœux de Nouvel An. « C’est le résultat de nombreuses décennies de lutte sans relâche et une démonstration éclatante de la détermination commune à tous les partenaires sociaux à s’attaquer à la pauvreté et à l’inégalité », a-t-il dit.

Le salaire minimum, d’un montant de 20 rands l’heure, soit 3 500 rands par mois (environ 212 euros), devrait bénéficier à quelque 6 millions de travailleurs. Selon le gouvernement, il va profiter à 70 % des travailleurs agricoles et à 90 % du personnel de maison. Les entreprises en difficulté financière seront dispensées de l’appliquer.

« Un salaire d’esclave »

Son instauration est une première en Afrique du Sud, qui possède l’économie la plus industrialisée du continent. Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) espère que cette mesure séduira sa base électorale traditionnelle de pauvres des townships et des zones rurales. Ancien syndicaliste reconverti en homme d’affaires à succès, Cyril Ramaphosa, qui a pris les rênes du pays en février après la démission du très controversé Jacob Zuma, avait promis de relancer l’économie.

L’instauration d’un salaire minimum a été vivement critiquée par l’opposition et plusieurs syndicats. Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), avait voté contre, estimant qu’il allait se traduire par « d’importantes pertes d’emplois ». Le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) avait, lui, comme plusieurs syndicats, estimé que son montant était insuffisant. La deuxième fédération syndicale du pays, la Saftu, a dénoncé « un salaire d’esclave ». Mais la plus grande centrale syndicale d’Afrique du Sud, la Cosatu, a salué « une injection importante d’argent dans les poches des travailleurs ».