Un partisan du NPD à Duisbourg, le 28 mars 2010. / JOHANNES EISELE / Reuters

Quelques jours après l’attaque xénophobe qui a vu un homme tenter de renverser des migrants en voiture à Bottrop dans l’Ouest, le maire d’Amberg, en Bavière, a dénoncé, jeudi 3 janvier, la présence dans les rues de sa ville en début de la semaine de groupes d’autodéfense d’inspiration néonazie. Malgré les gilets rouges assortis de ceux qui y participent, tous frappés d’un emblème qui laisse peu de doute quant à ses sources d’inspiration iconographiques, les images publiées sur Facebook par le Parti national démocrate d’Allemagne (NPD, extrême droite) de ses « patrouilles » dans les rues d’Amberg n’évoquent pas encore une tentation paramilitaire. Pourtant, les rondes organisées par les militants néonazis dans les rues de cette ville bavaroise de 40 000 habitants interpellent.

Le maire d’Amberg, Michael Cerny, a affirmé au quotidien local Mitteldeutsche Zeitung qu’il comprenait « l’insécurité qui règne dans une partie de la population » tout en jugeant que « les menaces de violences et la haine qui déferlent depuis les quatre coins du pays [allaient] trop loin ». Ses déclarations ont été largement reprises dans la presse allemande jeudi matin. La communication du NPD autour de ces patrouilles à Amberg est intervenue après une série d’attaques de passants par quatre hommes originaires d’Afghanistan et d’Iran dans la ville, samedi 29 décembre dans la soirée. En état d’ébriété, ils avaient agressé une dizaine de passants dans les rues et doivent maintenant répondre de « coups et blessures ».

« Protection de la population autochtone »

Cette nouvelle affaire qui a relancé le débat autour des demandeurs d’asile dans le pays a représenté une aubaine pour l’extrême droite allemande, qui s’est saisie des agressions d’Amberg, comme elle le fait de la plupart des faits divers de ce type depuis des mois, pour marteler son message hostile aux migrants et à Merkel. Une de ses cadres en Bavière, Katrin Ebner-Steiner a déclaré que « la population autochtone [devait] être elle-même protégée de toute urgence contre ces gens qui prétendument cherchent protection ».

La question migratoire reste particulièrement sensible en Allemagne depuis l’arrivée de plus d’un million de réfugiés dans le pays en 2015 et 2016. Le ministre allemand de l’intérieur Horst Seehofer, partisan de la fermeté sur l’immigration au sein du gouvernement d’Angela Merkel, a appelé dans la foulée à faciliter l’expulsion des demandeurs d’asile, coupables de crimes et délits dans le pays. Une porte-parole de la chancelière allemande a, elle, condamné mercredi à la fois les agressions d’Amberg et l’attaque xénophobe d’un homme qui, le soir du réveillon, a foncé sur des migrants en voiture dans l’ouest du pays.