Sur le « Sea-Watch-3 », le 24 décembre 2018. / Chris Grodotzki / AP

La France est prête à accueillir une partie des 49 migrants bloqués en mer au large de Malte sur deux bateaux d’ONG depuis plusieurs jours « dans le cadre d’un effort collectif de répartition » entre Etats européens, selon l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il y a urgence », indique un proche du président de la République au Monde, jeudi 3 janvier. Retenus sur le Sea-Watch-3 et le Professor-Albrecht-Penck, deux navires affrétés par des ONG allemandes, les migrants sauvés au large de la Libye avant Noël ont dû affronter ces derniers jours une mer particulièrement agitée dans l’attente d’un port susceptible de les accueillir.

Ni Malte, ni l’Italie, ni l’Espagne n’ont pour l’instant répondu aux sollicitations des deux ONG. La Valette a tout juste autorisé, mercredi, les deux bateaux de s’abriter dans les eaux maltaises pour affronter la tempête. Les autorités néerlandaises et allemandes se sont dites prêtes à accueillir certains des migrants, mais seulement dans le cadre d’un effort partagé européen. L’annonce française devrait permettre d’accélérer l’annonce d’une solution.

Malte en première ligne

La Commission européenne essayerait aussi de répartir 249 autres migrants sauvés dans les tout derniers jours de décembre 2018 par les garde-côtes maltais. « La Commission s’occupe de trouver un nombre de pays suffisant et de fixer le nombre de personnes à répartir », selon Paris. Depuis que l’Italie a fermé ses ports aux navires d’ONG, en juin, Malte se retrouve en première ligne pour les migrants quittant la Libye, avec des capacités d’accueil limitées, du fait de sa petite taille. Au total, 1 182 migrants sont arrivés sur l’archipel du centre de la Méditerranée en 2018, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), pour une population de 460 000 habitants.

Même si l’Aquarius, opéré par les ONG françaises SOS-Méditerrannée et Médecins sans frontières, a annoncé l’arrêt de ses activités le 6 décembre 2018 en raison d’obstacles administratifs, d’autres ONG ont continué leurs activités au large de la Libye. Sauvés par l’ONG espagnole Pro Activa Open Arms, 311 migrants sont ainsi arrivés en Andalousie, le 28 décembre 2018. Le gouvernement espagnol avait ouvert ses ports sans attendre de solution européenne. Selon le HCR, 113 482 migrants sont arrivés en Europe par la mer en 2018, contre 172 301 en 2017. La plupart sont passés par le détroit de Gibraltar, devenu la principale voie d’accès depuis le renforcement contesté des contrôles en mer par les garde-côtes libyens. Dans le même temps, 2 262 personnes sont mortes ou ont été portées disparues.