Le 15 octobre 2018, un membre de la sécurité passe un document à un collègue, devant le consulat d’Arabie saoudite en Turquie, où Jamal Khashoggi a été assassiné. / Petros Giannakouris / AP

Trois mois après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué au consulat de son pays à Istanbul, la phase judiciaire s’amorce. Le procès des onze suspects accusés d’être impliqués dans l’assassinat du journaliste s’est ouvert, jeudi 2 janvier, devant une cour pénale de Riyad. Le procureur général saoudien a requis la peine de mort contre cinq d’entre eux.

Les onze suspects ont comparu en présence de leurs avocats, selon un communiqué du procureur général publié par l’agence officielle SPA. Les avocats des suspects ont demandé à prendre connaissance des accusations exactes portées contre leurs clients et un délai pour les étudier.

Le tribunal a accédé à leurs demandes, sans fixer de date pour la prochaine audience, selon le communiqué. Le procureur saoudien a fait savoir que ses deux demandes auprès des autorités turques pour obtenir des éléments sur cette affaire sont restées sans réponse.

Demande d’extradition des suspects

Le meurtre de l’éditorialiste saoudien, ardent critique du pouvoir à Riyad, a eu un retentissement planétaire, et qui a considérablement terni l’image de la pétromonarchie, notamment celle de Mohammed Ben Salman. Après avoir affirmé dans un premier temps que le journaliste avait quitté vivant le consulat, Riyad a fini par reconnaître, sous la pression internationale, qu’il avait été tué et démembré à l’intérieur de la représentation diplomatique.

Selon le récit des événements des autorités saoudiennes, le général Al-Assiri, ancien chef adjoint du renseignement saoudien, a ordonné à une équipe de quinze agents saoudiens de ramener « de gré ou de force » Khashoggi en Arabie saoudite. Une fois sur place, il aurait décidé de tuer le journaliste. Riyad assure, en effet, que le journaliste a été tué lors d’une « opération hors de contrôle » de l’Etat, supervisée par deux hauts responsables, destitués depuis.

Mais Ankara a accusé les « plus hauts niveaux » de l’Etat saoudien. Des médias turcs et américains, ainsi que la CIA, soupçonnent le prince héritier Mohammed Ben Salman d’avoir lui-même commandité l’opération contre Jamal Khashoggi. La Turquie a demandé l’extradition de 18 Saoudiens arrêtés dans leur pays et soupçonnés d’implication dans le meurtre. Mais l’Arabie saoudite a répondu qu’il n’était pas question d’extrader des citoyens saoudiens en Turquie, en affirmant que les suspects seraient jugés dans leur pays.

Affaire Jamal Khashoggi : les contradictions de l'Arabie saoudite
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