L’Eglise catholique de la République démocratique du Congo (RDC) a affirmé jeudi connaître le vainqueur de l’élection présidentielle qui avait lieu dimanche dernier et a réclamé que la commission électorale en publie des résultats « dans le respect de la vérité et de la justice ».

La mission d’observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) « constate que les résultats en sa possession, issus des procès-verbaux de vote, consacrent le choix d’un candidat comme président », a déclaré à la presse son secrétaire général, Donatien Nshole, qui n’a pas précisé le nom du vainqueur.

Un homme examine le matériel de vote au centre de comptage de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à Kinshasa, en République démocratique du Congo, le 1er janvier 2019. REUTERS/Baz Ratner/File Photo / Baz Ratner / REUTERS

L’Eglise, qui est l’une des institutions les plus crédibles du pays, avait déployé plus de 40 000 observateurs pour surveiller le déroulement du scrutin censé marquer le premier transfert démocratique du pouvoir. Elle appelle la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à « publier, en toute responsabilité, les résultats des élections dans le respect de la vérité et de la justice ».

Vingt-et-un candidats étaient en lice le 30 décembre pour succéder à Joseph Kabila, au pouvoir depuis l’assassinat de son père, Laurent-Désiré, en 2001. Le président sortant avait accepté de ne pas se représenter en application de la loi sur la limitation des mandats. Il soutient en revanche son ancien ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, que des sondages sur les intentions de vote avant le scrutin donnaient derrière les deux principaux candidats de l’opposition, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.

Investiture le 18 janvier

Les résultats provisoires sont attendus pour dimanche avant la publication le 15 janvier des résultats définitifs en vue d’une investiture du successeur de Kabila le 18. Mais la commission électorale a indiqué mercredi que la publication des résultats pourrait être repoussée du fait de remontées en nombre insuffisant des bureaux de vote. C’était avant les déclarations de l’Eglise qui ont ensuite fait monter la tension de l’attente d’un cran.

D’autant que la veille le président de la mission d’observation de l’Union africaine, l’ex-président malien Diacounda Traoré, avait demandé à deux reprises que les futurs résultats proclamés « soient conformes à la volonté des électeurs ». Un plaidoyer relayé par les Etats-Unis qui ont appelé les autorités électorales de RDC à « respecter » le choix des Congolais en publiant des résultats « exacts ». Le département d’Etat américain a même ajouté que « ceux qui sapent le processus électoral, menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC, ou bénéficient de la corruption risquent de ne plus être les bienvenus aux Etats-Unis ou d’être interdits d’accès au système financier américain ». De quoi fâcher le président de la CENI, Corneille Nangaa, qui leur a rétorqué un définitif : « Arrêtez de nous intimider, arrêtez d’essayer d’influencer la décision de la Céni », ajoutant qu’à ses yeux, « Certains observateurs, dans un excès de zèle, vont au-delà de leurs prérogatives ».