Alain Juppé « n’est plus, dans les faits, membre des Républicains », selon Gilles Platret, porte-parole du parti de droite. Cette déclaration acte la fin d’une période de quarante-deux années d’engagement partisan pour le maire de Bordeaux. Il entre dans la sphère politique en juin 1976 lorsqu’il est recruté comme conseiller technique au sein du cabinet de Jacques Chirac, alors premier ministre. Dès la fondation du Rassemblement pour la République (RPR), quelques mois plus tard, Alain Juppé en est membre. Pendant plus de quatre décennies, il accompagne ce parti, qui devient l’Union pour un mouvement populaire (UMP) en 2002 et Les Républicains (LR) en 2015.

Secrétaire général puis président du RPR

C’est en 1978 qu’Alain Juppé se présente pour la première fois à une élection. Il le fait sous l’étiquette RPR, dont il est déjà délégué national. Il perd mais continue son engagement politique. Il gravit les échelons du parti et est élu secrétaire national du RPR chargé du redressement économique et social en 1984.

En 1988, après avoir activement soutenu Jacques Chirac à la présidentielle, il devient secrétaire général du RPR. Il s’agit du deuxième poste du parti après celui de président, occupé par Jacques Chirac. Alain Juppé garde cette place jusqu’en 1994, puis devient président du RPR. Mais après que l’Assemblée nationale eut été dissoute en 1997 par le président de la République, la droite perd les élections législatives et Alain Juppé est contraint de démissionner. Il est remplacé par l’un de ses opposants internes, Philippe Séguin.

Création de l’UMP

Deux jours après la qualification de Jacques Chirac au second tour de l’élection présidentielle en 2002, Alain Juppé participe à la création de l’UMP, qui signifie alors Union pour la majorité présidentielle. Quelques mois plus tard, l’UMP devient l’Union pour un mouvement populaire. Alain Juppé en est élu président en novembre 2002. Ce parti incorpore le RPR et d’autres partis de moindre envergure. Ainsi, Alain Juppé est de nouveau à la tête du parti principal de la majorité.

Mais en décembre 2004, Alain Juppé est rattrapé par l’affaire des emplois fictifs du RPR et de la mairie de Paris. Il est condamné par la cour d’appel de Versailles à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité. Il laisse alors la présidence de l’UMP à Nicolas Sarkozy et suspend temporairement son engagement politique.

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Sauvetage de l’UMP

En novembre 2012, François Fillon et Jean-François Copé sont tous les deux candidats à la présidence de l’UMP. Mais le vote des adhérents ne permet pas de les départager : Jean-François Copé est initialement déclaré vainqueur avec 98 voix d’avance, puis François Fillon assure gagner de 24 voix grâce à des fédérations d’outre-mer qui auraient été oubliées. Après quelques jours de vives tensions, Alain Juppé apparaît comme l’un des seuls à pouvoir remettre de l’ordre dans le processus électoral. François Fillon lui demande d’organiser une médiation, ce qu’Alain Juppé commence à faire. Mais quelques jours plus tard, il abandonne en considérant que les conditions ne sont pas réunies. Quelques semaines plus tard, les deux rivaux parviennent à un accord qui permet à Jean-François Copé de se maintenir à la tête de l’UMP.

Pour la deuxième fois sous la présidence de Jean-François Copé, Alain Juppé est appelé au secours de l’UMP en juin 2014. Suite à l’affaire Bygmalion et à des résultats aux européennes décevants, Jean-François Copé démissionne de la présidence de l’UMP. C’est un « triumvirat » d’anciens premiers ministres qui se charge d’assurer l’intérim : Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Alain Juppé. Cette direction collégiale organise un congrès où Nicolas Sarkozy est élu président de l’UMP en septembre 2014.

Malgré l’opposition de quelques figures du parti dont Alain Juppé, Nicolas Sarkozy fait adopter le changement de nom de l’UMP qui s’appelle désormais Les Républicains (LR).

Opposé à Wauquiez

Alors qu’il annonce qu’il ne se mêlera pas de l’élection d’un nouveau président à LR, Alain Juppé finit par afficher son intention de voter pour Maël de Calan. Puis, à la suite de l’élection de Laurent Wauquiez, il se met en retrait du parti. Il continue à être un personnage écouté au centre et à droite et affiche parfois son soutien à Emmanuel Macron.