Des photocopies de documents d’identité, des numéros de compte, des adresses et numéros de téléphone personnels : de très nombreux documents concernant des élus allemands, principalement des députés, ont été publiés en ligne, révèle vendredi 4 janvier la télévision publique RBB. Les documents ont été mis en ligne via un compte Twitter anonyme, qui se présentait comme celui d’un « chercheur en sécurité informatique », et qui a également publié de temps à autre, depuis 2017, des informations confidentielles et vraisemblablement piratées sur des personnalités publiques, dont de nombreux youtubeurs allemands.

Le contenu des documents est très sensible, mais ils ne contiennent, selon les médias allemands qui ont pu les lire, aucune révélation politique d’ampleur. Ils peuvent en revanche servir de base à de nouvelles attaques, ou à des usurpations d’identité.

L’extrême droite épargnée

Des informations sur des députées de tous les principaux partis sont révélées, avec une exception notable : les documents ne contiennent aucune information sur les élus d’Alternative für Deutschland (AfD), la principale formation d’extrême droite allemande. En revanche, les documents contiennent les coordonnées détaillées d’environ 80 membres du parti Die Linke (gauche), et de plus de 350 cadres et militants de la CDU (conservateurs).

Extrait de la liste de documents publiée en décembre. / DR

L’origine des fichiers reste mystérieuse. Ils contiennent aussi bien des documents internes des principaux partis que des échanges par messagerie instantanée, ce qui laisse sous-entendre qu’ils pourraient provenir de plusieurs piratages différents. Le timing de publication des documents est surprenant : les informations ont été mises en ligne courant décembre, à la manière d’un calendrier de l’avent, mais n’avaient pas attiré l’attention jusque-là.

L’auteur du compte avait également publié d’autres informations personnelles auparavant, qui pour l’essentiel concernaient des youtubeurs allemands. Le ou les pirates semblent avoir visé spécifiquement les vidéastes germanophones les plus connus, mais se sont aussi attaqués à des youtubeurs moins suivis, la plupart classés à gauche. Le youtubeur féministe Tarik Tesfu, la youtubeuse féministe Suzie Grime, ou le vidéaste Rayk Anders, qui a réalisé des documentaires sur l’extrême droite et les théories du complot, figurent parmi les victimes. La branche allemande de la société française Studio71, une agence de talents qui travaille avec de nombreux youtubeurs, a également été visée. Le Centre national de cyberdéfense allemand a ouvert une enquête.