James Harden devant Jonas Jerebko, le 3 janvier lors du match des Houston Rockets contre les Golden State Warriors. / Kyle Terada / USA TODAY Sports

A peine quelques minutes après avoir inscrit un tir décisif pour ramener son équipe à égalité contre le champion NBA en titre, Golden State, James Harden a remis ça en prolongations, le 3 janvier, dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette fois-ci, c’était pour remporter le match. Peu importent les mains et les bras de Klay Thompson et de Draymond Green devant lui, « The Beard » a, à nouveau, répondu présent.

James Harden EPIC Game-Winning Shot | Rockets vs Warriors - January 3, 2019
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44 points, 15 passes décisives, 10 rebonds et le tir de la victoire. Mais le plus fou dans cette ligne de statistiques, c’est qu’elle n’est plus si exceptionnelle pour James Harden. Le joueur des Houston Rockets semble inarrêtable depuis un peu plus d’un mois, et c’est Portland qui va devoir trouver comment arrêter cette furie, samedi.

Un mois de folie

Alors que son équipe pointait à la quatorzième place de la conférence ouest (sur quinze) le 9 décembre, et qu’elle a appris qu’elle allait devoir finir l’année sans Chris Paul, son deuxième meilleur joueur, quelques jours plus tard, Harden a pris les choses en main, haussé un peu plus son niveau de jeu, et ramené les Rockets dans le quatuor de tête. 

Depuis le 8 décembre, il a joué treize matches, et n’a jamais inscrit moins de 29 points. Dans son sillage, Houston a gagné onze rencontres. Sur les cinq dernières, Harden a inscrit au moins quarante points et mené à chaque fois son équipe vers la victoire.

Les chiffres donnent le tournis. Au cours du mois de décembre, il a inscrit 36 points, donné 8 passes décisives et prit 6 rebonds en moyenne. Mieux encore, écrivait la NBA au moment de le récompenser avec le titre de meilleur joueur de la conférence ouest pour le mois de décembre, « sur les dix derniers matchs du mois, Harden marquait en moyenne 40,8 points par match. Selon Elias Sports Bureau, il rejoint aussi Kobe Bryant et Michael Jordan pour devenir le troisième joueur seulement sur les trente dernières saisons à avoir marqué 400 points sur dix matchs. »

Entre sa spécialité à trois points (le « stepback »), sa capacité à pénétrer et aller inscrire un panier près du cercle et son incroyable réussite à attirer les fautes, Harden, MVP en titre, est probablement l’un des joueurs sur lequel il est le plus difficile de défendre.

Un jeu et des critiques

On pourrait penser qu’une telle orgie offensive de la part d’un seul joueur amènerait la planète NBA et les observateurs à s’agenouiller devant le génie du bonhomme de presque 2 mètres et 100 kg. Et pourtant, James Harden continue de ne pas faire l’unanimité. « Son jeu peut ne pas paraître excitant pour de nombreux observateurs qui n’aiment pas ce style basé sur les isolations, ainsi que la façon assez cynique dont il se joue des règles pour provoquer des fautes, et ralentir le rythme du match », écrit The Ringer.

« Personne en NBA ne maîtrise aussi bien l’art de provoquer des fautes que James Harden », expliquait ainsi ESPN en novembre. A tel point que pour beaucoup (adversaires, supporteurs et observateurs), cela devient insupportable. La NBA a bien tenté d’y remédier en 2017 en modifiant son règlement pour qu’il arrête de profiter d’une technique maison dont il était devenu maître : forcer son tir dans n’importe quelle position en vue d’obtenir une faute.

La « Harden Rule », édictée pour lui, ne semble cependant pas trop troubler le joueur des Rockets. Contre Memphis, le 31 décembre, il est ainsi allé sur la ligne des lancers francs à 27 reprises pour y inscrire 21 de ses 43 points de la soirée. Plus impressionnant encore, au cours de sa carrière, James Harden a inscrit plus de lancers francs que de tirs dans le jeu.

Quand on lui demande ce qu’il a à répondre aux gens qui s’énervent de le voir passer autant de temps sur la ligne des lancers francs, James Harden n’a qu’une réponse : « Arrêtez de faire faute sur moi. C’est aussi simple que ça. »

Mais les griefs contre Harden (comme contre n’importe quelle star de la ligue nord-américaine) sont multiples et ses pourfendeurs ne sont jamais à court d’arguments. En plus de son style de jeu (les isolations multiples), on lui reproche aussi ses marchers fréquents, et parfois flagrants.

Quelle suite ?

Malgré tout cela, les performances quasi quotidiennes de James Harden restent époustouflantes. Et la question est désormais de savoir s’il sera capable de conserver ce rythme jusqu’à la fin de la saison. Houston a besoin de lui dans une conférence ouest où la moindre petite série de matchs perdus prend tout de suite une importance démesurée, tant les équipes se tiennent dans un mouchoir.

Mais les Rockets vont aussi devoir trouver des solutions pour s’imposer sans des performances dignes de jeux vidéo de la part de leur meilleur joueur. La franchise texane aura besoin de le ménager, sans quoi il pourrait bien le payer au moment décisif, comme ça avait été le cas lors des derniers matchs des playoffs 2017 (contre San Antonio) et 2018 (contre Golden State). Pas sûr que le titre de meilleur joueur de la saison, qu’il semble tant vouloir conserver, ne lui soit d’aucune aide à ce moment-là.