Donald Trump à l’issue de la réunion avec les démocrates sur le « shutdown », le 4 janvier à la Maison Blanche. / Manuel Balce Ceneta / AP

A New York, le Metropolitan Museum reste ouvert, « car il ne reçoit pas un centime d’aide fédérale », confie son porte-parole. La Statue de la Liberté continue elle aussi d’accueillir les visiteurs : il s’agit d’un parc national financé sur fonds fédéraux, mais l’Etat de New York a décidé de substituer à l’Etat fédéral. En revanche, à Washington, les touristes trouvent porte close devant les musées fédéraux du Mall. Les programmes médicaux des réserves indiennes ne sont plus financés. Si les services de police et de courrier fonctionnent, les ministères de la sécurité intérieure, de la justice, le département d’Etat et le trésor sont fermés ainsi que l’agence de protection pour l’environnement et la Nasa. 800 000 fonctionnaires fédéraux sont en chômage technique ou congés forcés, depuis deux semaines. Et cela pourrait durer. En cause, l’absence d’accord pour financer à hauteur de 5 milliards de dollars le mur « de béton et d’acier » exigé par Donald Trump à la frontière américano-mexicaine. Ce conflit a bloqué le financement de l’Etat fédéral à la veille du week-end de Noël et provoqué une fermeture (shutdown) partielle de l’administration.

« Des mois ou même des années »

Le président a rencontré pendant deux heures, vendredi 4 janvier, les élus démocrates à la Maison-Blanche, mais aucun accord n’a été trouvé. « Nous avons dit au président que nous avions besoin de rouvrir le gouvernement », a déclaré le démocrate Chuck Schumer, sénateur de New York. « Il a résisté. En fait, il a dit qu’il pourrait garder le gouvernement fermé pendant une très longue période, des mois ou même des années ». Donald Trump a confirmé avoir tenu ces propos, lors d’une conférence de presse dans la roseraie de la Maison-Blanche. « Oui, oui, absolument, j’ai dit cela. Je ne pense pas que cela arrivera mais je suis préparé », a affirmé M. Trump, avant d’ajouter : « j’espère que cela ne durera pas plus que quelques jours. Cela pourrait rouvrir très vite ».

M. Trump a soufflé le chaud et le froid, veillant à ne pas dire du mal des démocrates – il a qualifié les discussions de « très productives », mais n’excluant pas de déclarer l’Etat d’urgence pour pouvoir construire le mur en se passant de l’accord du Congrès. « Je pourrais le faire », a répondu M. Trump à un journaliste. « Nous pourrions décréter l’Etat d’urgence et le construire très rapidement. C’est une autre manière de le faire, mais si nous pouvons le faire de manière négociée, c’est mieux ».

Mur fétiche

Donald Trump avait promis de faire financer ce mur par le Mexique dans sa campagne électorale. Il ne l’a pas obtenu mais assure désormais que le Mexique a payé via l’accord de libre-échange renégocié à l’automne 2018 mais qui n’est pas ratifié et encore moins entré en vigueur. Les sujets de l’immigration clandestine est moins brûlant que par le passé. Les interpellations à la frontière mexicaine, qui étaient de plus de 80 000 par mois sous George W Bush (2001-2008) sont tombées en dessous de 35 000 sous Barack Obama et ne sont plus que de 28 800 sous Donald Trump, mais le président a fait de ce mur un fétiche vis à vis de son électorat le plus conservateur.

Parmi les pistes de compromis figure un échange entre le financement du mur et un accord pour protéger d’expulsion de jeunes immigrés arrivés mineurs sur le territoire américain que l’administration Obama avait autorisés à rester sur le sol américain, autorisation révoquée par Donald Trump. « On peut trouver un terrain commun », a déclaré le représentant démocrate Kevin McCarthy (Californie). À l’automne 2017, M. Trump avait fait mine de vouloir trouver un accord transpartisan sur le sujet, avant de le saborder.

Des discussions doivent se poursuivre ce week-end, sous l’égide du vice-président Mickaël Pence. Selon le Washington Post, celui-ci a fait la tournée des s républicains hésitants, dont les électeurs n’apprécient pas le shutdown, pour éviter un accord transpartisan au Congrès qui forcerait Donald Trump à céder. Politiquement, ce dernier n’y a guère intérêt s’il veut conserver son socle électoral, minoritaire mais solide.