Mohammed V de Malaisie, à Kuala Lumpur, en février 2017. / EDGAR SU / REUTERS

L’abdication du sultan Mohammed V de Malaisie, dimanche 6 janvier, n’est pas véritablement une surprise, tant les rumeurs s’accumulaient ces derniers temps au sujet d’une possible démission de l’« Agong » (roi). Il n’en reste pas moins que ce départ est une première dans l’histoire de la Malaisie depuis son accession à l’indépendance en 1957, à la suite du retrait du colonisateur britannique : jamais aucun des neuf sultans héréditaires de la fédération de Malaisie, qui s’échangent tous les cinq ans le titre de monarque constitutionnel, n’avait abdiqué auparavant.

Lundi, les autres sultans de la fédération ont commencé à se réunir pour désigner un remplaçant à Mohammed V, qui reste en titre le sultan de l’Etat de Kelantan. L’agence de presse officielle Bernama a annoncé que la date de la désignation du prochain roi allait bientôt être publiée.

Depuis un mois, Sa Majesté était en congés. Les rumeurs qui circulaient depuis des semaines à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie, étaient de double nature : les unes faisaient état d’un traitement médical du sultan, âgé de 49 ans, et les autres de son discret et récent mariage avec Oksana Voevodina, une ancienne reine de beauté russe… La cérémonie aurait quand même fait l’objet d’une réception au palais du sultan dans la capitale, sans qu’aucune mention officielle n’ait cependant jamais été faite à ce sujet en dépit des photos qui ont largement circulé sur Internet.

Hésitation à reconnaître les législatives

Le sultan sortant n’a fait aucune déclaration quant aux raisons qui ont motivé son abdication après seulement deux ans sur le trône. Un simple communiqué officiel du palais s’est borné à annoncer que « Sa Majesté avait tenu, durant son mandat, à remplir toutes ses responsabilités, et servir l’Etat en tant que l’un des piliers de la stabilité de la monarchie ».

Le début de l’année en Malaisie est ainsi marqué par un nouveau tournant après les élections de mai 2018 : ces dernières avaient vu le retour aux affaires de l’ancien premier ministre Mahathir Mohamad et la chute du premier ministre Najib Razak, qui fait l’objet d’un procès pour corruption.

Si les pouvoirs des sultans en Malaisie sont purement protocolaires, cela ne les empêche pas d’être respectés par la majorité malaise musulmane du pays, à laquelle ils appartiennent. Insulter le roi sur Internet peut par exemple valoir un maximum d’un an de prison à tout contrevenant et une amende de l’ordre de 10 000 euros.

Son hésitation à reconnaître les résultats des législatives de mai 2018 avait tout de même valu au roi certaines critiques acerbes dans une opinion très remontée contre le parti principal de la coalition sortante. Au point que les autres sultans s’en étaient, paraît-il, inquiétés, craignant une érosion de la légitimité de cette institution. L’abdication du roi pourrait alors être une possibilité pour les monarques de Malaisie de redorer leurs blasons.