Jordan Bardella, dont le nom circulait avec insistance depuis plusieurs semaines, a pris sa carte au Front national (FN, devenu Rassemblement national en juin) à 16 ans. / AFP

Sa candidature était favorite, elle est désormais officielle. Le Rassemblement national (RN, ex-Front national) a choisi le jeune porte-parole du parti Jordan Bardella, fidèle de Marine Le Pen, pour conduire sa liste aux élections européennes de mai, a annoncé lundi 7 janvier le député Louis Aliot sur BFM-TV et RMC.

Le bureau exécutif du parti d’extrême droite a validé ce choix de la présidente Marine Le Pen hier à l’unanimité de ses neuf membres, y compris l’eurodéputé Nicolas Bay qui se disait aussi « légitime » pour ce poste, a fait savoir une source proche de la direction. Pour Louis Aliot, député des Pyrénées-Orientales et compagnon de Mme Le Pen, il s’agit de « donner des signes d’espoir à notre jeunesse » :

« Ce sera Jordan Bardella, (…) parce que dans cette période trouble il faut (…) montrer que, dans des partis politiques pourtant bien installés comme le nôtre, on donne aussi la chance à des jeunes qui sont issus de milieux populaires. »

Aucune casserole et des liens avec Salvini

Jordan Bardella, dont le nom circulait avec insistance depuis plusieurs semaines, a pris sa carte au Front national (devenu Rassemblement national en juin 2018) à 16 ans. Issu d’un milieu modeste et d’ascendance italienne, il a grandi en Seine-Saint-Denis.

Militant de la première heure, devenu un des porte-parole après la présidentielle, Jordan Bardella a rapidement gravi les marches de l’organisation : il a intégré le bureau national au congrès en mars, avant d’être nommé directeur de Génération nation, la structure des jeunes du parti. Il peut également se targuer d’avoir tissé quelques liens avec une autre figure du populisme européen : le ministre de l’intérieur d’extrême droite italien, Matteo Salvini.

Autre atout majeur en ces temps de multiplication des affaires judiciaires autour du RN : Jordan Bardella ne compte aucune casserole judiciaire à son actif, contrairement à nombre de responsables de son parti, dont Marine Le Pen, mise en examen pour « détournement de fonds publics » dans l’affaire dite des assistants parlementaires.

La liste présentée dimanche

Jordan Bardella ne fera cependant pas d’ombre à Marine Le Pen, qui répète à l’envi qu’elle mènera la campagne. Elle accompagnera d’ailleurs sa tête de liste dans quasi tous les meetings prévus – une trentaine. La cheffe du RN figurera sur la liste en position non éligible, préférant conserver son mandat de députée nationale, ce qui lui permettra d’imprimer son nom sur les bulletins de vote.

Désireuse de présenter une liste d’ouverture, Marine Le Pen avait songé dans un premier temps à un représentant de la société civile en la personne de l’essayiste Hervé Juvin, inconnu du grand public. Louis Aliot avait aussi envisagé de conduire la liste, mais il a préféré briguer la mairie de Perpignan en 2020.

L’ancien ministre Les Républicains Thierry Mariani pourrait aussi figurer sur cette liste, ce que n’a pas confirmé M. Aliot. « Acceptera-t-il ou pas, on le saura bientôt », a-t-il seulement dit. Le RN doit présenter officiellement une partie de sa liste dimanche lors d’un meeting à Paris.

Le RN fera cependant campagne sans Debout la France. Son président et ancien allié de Mme Le Pen à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, a décidé de faire route seul, à la tête d’une liste réunissant deux autres petites formations conservatrices, le Centre national des indépendants (CNIP) et le Parti chrétien-démocrate (PCD).

Progression dans les sondages

Le RN veut grimper sur la première marche, comme en 2014, quand le FN était arrivé en tête avec près de 25 % des voix. Le parti a notamment progressé dans les sondages depuis la crise des « gilets jaunes », majoritairement soutenus par ses électeurs, et considère que l’élection se jouera entre lui et Emmanuel Macron, soit entre les « nationaux » et les « mondialistes ».

Il mise aussi sur l’expérience de ses alliés nationalistes au pouvoir en Europe avec lesquels il entend constituer une minorité de blocage au Parlement européen. Marine Le Pen s’est d’ailleurs rendue en octobre en Italie pour rencontrer son allié, le ministre de l’intérieur Matteo Salvini, en novembre en Bulgarie et en décembre à Bruxelles aux côtés de Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump.

La sortie de l’euro n’est plus la priorité du RN, qui défend une Europe « des nations et des coopérations » et surfe sur l’inquiétude provoquée par la vague migratoire, un thème majeur de sa campagne.