La huitième journée de manifestation des « gilets jaunes » à Paris, première de l’année, se déroulait dans un calme relatif, samedi 5 janvier, ternie par quelques accrochages avec les forces de l’ordre. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

La « cavale » du boxeur de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor a pris fin, lundi 7 janvier, rapporte France Télévisions. « Il s’est présenté à la sûreté territoriale, à Paris, avec son avocat, précise une source policière à France 2. Une perquisition a été menée à son domicile. » Il est en garde à vue, a confirmé le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner.

Les images de deux gendarmes violemment pris à partie par ce boxeur, samedi 5 janvier, ont marqué l’acte VIII de la manifestation des « gilets jaunes ». Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, l’un d’eux est à terre, molesté par un homme portant un manteau et un bonnet noir. Dans une autre vidéo, on voit un homme également habillé en noir attaquer un gendarme derrière son bouclier. Le premier gendarme s’est vu prescrire quinze jours d’incapacité totale de travail (ITT), le second deux jours.

Dans une photo diffusée sur Twitter, le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) avait annoncé samedi avoir identifié l’agresseur. Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, l’avait retweetée. Mais aucun ne donnait le nom de Christophe D., un ancien boxeur professionnel. Le ministre de l’intérieur a annoncé que la préfecture de police avait saisi le procureur de la République.

Samedi, les enquêteurs venus interpeller Christophe D. ne l’avaient pas trouvé à son domicile. « Il n’a pas couché à son domicile de Brétigny-sur-Orge [Essonne] », confirme un de ses proches à L’Equipe. « Il cherche à contacter un avocat, afin de se présenter aux autorités. Bien que son père appartienne à la communauté des gens du voyage [d’où son surnom de « Gitan de Massy »], il a toujours été sédentarisé. Si Christophe était à la manifestation, c’est parce qu’il est comme tout le monde, qu’il en a marre, que les fins de mois sont difficiles. »

Selon l’article 222-12, alinéa 4 du code pénal, Christophe D. risque une peine maximale de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende.

Champion de France poids lourds-légers

Christophe D., le « Gitan de Massy », aujourd’hui âgé de 37 ans, s’est fait connaître sur les rings de box. Il a débuté sa carrière au ring de Massy et a été sacré champion de France des poids lourds légers (90 kg) entre octobre 2007 et mai 2008.

En 2012, il rejoint la team de boxe de Levallois-Perret, où il est entraîné par Laurent Boucher-Coniquet. En avril 2013, il est challenger pour le titre de champion de France face à Jérémy Ouanna. En décembre 2013, il est battu par arrêt de l’arbitre. Après 23 combats dont 18 victoires, quatre défaites et un nul, il met fin à sa carrière en 2013.

Selon le Parisien, il travaillait à la maintenance des équipements sportifs de Massy. Il est « en couple, il a trois enfants, un crédit en cours sur une maison et un emploi stable de fonctionnaire territorial, dans l’Essonne », note France Inter.

« Pas un voyou », selon son premier entraîneur

Dans Le Point, Jacky Trompesauce, qui l’a entraîné jusqu’à ses 31 ans, fait part de sa surprise :

« Je le reconnais sur les images, mais, pour moi, il a dû se passer quelque chose qui n’apparaît pas sur la vidéo. Christophe est un sportif de haut niveau, c’est un homme respectueux, ce n’est pas un voyou. Il faudrait avoir toute la séquence pour comprendre. Il n’a pas dû supporter que les gendarmes s’en prennent à plus faibles qu’eux. Je crois voir sur les images des femmes qui reçoivent de la lacrymo, peut-être la sienne, il a trois enfants. Il n’est pas cagoulé, il y va à mains nues, ce n’est pas un casseur. (…) Pour moi, ce n’est pas quelqu’un de politisé. Si certains le prennent pour un partisan de l’extrême droite, c’est uniquement à cause de son look. Il n’a rien à voir ni avec la violence ni avec l’ultradroite. Ce n’est pas un “crâne rasé”. Il n’a jamais laissé pousser ses cheveux. (…) Malheureusement, les autorités vont vouloir faire un exemple, mais elles ne sont pas tombées sur la bonne personne. »

Son dernier entraîneur, Laurent Boucher, s’interroge sur le site de France Inter :

« Il a dû péter un plomb par rapport à quelque chose. Les gens peuvent être impulsifs comme ça, sur le moment. (…) Pourquoi tu as fait ça, Christophe, pourquoi tu as fait ça ? Quel est l’intérêt ? Tu as une famille, tu as des enfants, quel est l’intérêt ? Ce qui m’a le plus choqué et je pense que pour vous, c’est la même chose, c’est de le voir taper le pauvre gendarme quand il est au sol, et surtout quand on sait que c’est un boxeur. En boxe anglaise, on apprend à ne pas taper un homme au sol. Jamais. Et lui, il l’a fait. »

Sur Europe 1 et dans L’Equipe, Jacky Trompesauce assure avoir tenté de l’appeler pour lui « conseiller de se rendre à la police, pour s’expliquer et donner sa version des faits », ajoutant « quand il en frappe un à terre, je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête ». En vain.

France Inter rapporte que les éléments publics de son profil Facebook « montrent qu’il est membre de plusieurs groupes de gilets jaunes”, comme La France en colère !!! Qu’il relaie plusieurs publications des Anonymous et qu’il like une photo de Marion Maréchal. Certains de ses commentaires publics sont violemment anti-Macron. »

Condamné par la Fédération française de boxe

Dimanche, la Fédération française de boxe (FFB) avait publié un communiqué, dans lequel elle écrit qu’elle a « pris connaissance du comportement inacceptable et honteux d’une personne identifiée comme ancien boxeur professionnel (…). La Fédération ainsi que la Ligue nationale professionnelle de boxe condamnent avec la plus grande fermeté de tels agissements d’une violence extrême qui sont totalement contraires aux valeurs prônées par notre discipline et prendront toutes les mesures en leur pouvoir afin de défendre leur image. »

La FFB adresse son soutien à la famille et aux proches du gendarme victime du comportement de cet individu, mais également à l’ensemble des effectifs des forces de l’ordre mobilisés ardemment depuis plusieurs semaines.