Nadia Murad, Prix Nobel de la paix 2018, en visite à Sinjar en Irak le 14 décembre 2018 pour parler de son combat contre l’exploitation sexuelle / ARI JALAL / REUTERS

La traite d’êtres humains, qui concerne hommes, femmes, enfants victimes d’activités criminelles allant de l’exploitation sexuelle au prélèvement d’organes, reste largement impunie à travers le monde, déplore un rapport des Nations unies publié lundi 7 janvier.

Malgré une tendance récente à l’augmentation du nombre de condamnations prononcées pour des faits relevant de la traite humaine en Afrique et au Moyen-Orient, « le nombre total [de condamnations] dans ces régions reste très faible », explique un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dont le siège est à Vienne.

« Les trafiquants ne risquent pratiquement pas d’être traduits en justice », ajoute ce document qui appelle à renforcer la coopération internationale pour poursuivre les réseaux criminels.

Le rapport, compilant des données jusqu’à l’année 2016, note qu’à cette date jamais les pays connaissant des situations de conflits armés n’ont été aussi nombreux au cours des trente dernières années. Or, l’existence d’un conflit armé « renforce le risque de traite d’êtres humains » car ces conflits s’accompagnent souvent de la défaillance des autorités, de déplacements forcés de populations, de l’éclatement des structures familiales et d’une précarité économique, souligne l’ONUDC.

L’exploitation sexuelle, forme la plus répandue

La traite à des fins d’exploitation sexuelle est de loin la plus courante, représentant 59 % des victimes identifiées en 2016.

L’ONUDC cite notamment le cas de milliers de filles et de femmes de la minorité yézidie asservies par le groupe Etat islamique (EI) en Irak. L’une d’elles, Nadia Murad, est l’une des deux lauréates du prix Nobel de la paix 2018 qui l’a distinguée pour son activisme en faveur des victimes.

Le travail forcé est la deuxième forme de traite la plus répandue, représentant un tiers des victimes couvertes par les données et prévalant particulièrement en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient.

Cent cas relatifs à du trafic d’organe ont été signalés sur la période 2014-2017. Les camps de réfugiés sont des terrains d’action privilégiés pour les trafiquants qui recrutent les victimes « avec de fausses promesses d’argent et/ou de transport vers des lieux plus sûrs ». Dans certains cas, des preuves de collusion entre trafiquants et « professionnels de santé, recourant à des pratiques corrompues et frauduleuses » ont été relevées.

70 % des victimes sont des femmes

L’ONUDC relève que 70 % des victimes de traite détectées dans le monde sont des femmes et 23 % de l’ensemble des victimes identifiées sont des mineures.

La traite à des fins de mariage forcé est une situation qui concerne particulièrement les femmes en Asie du Sud-Est.

L’ONUDC n’avance pas d’estimation concernant le nombre de victimes de traite à travers le monde. Le nombre de cas identifiés s’élevait à un peu moins de 25 000 en 2016, soit une augmentation de plus de 10 000 depuis 2011, avec des hausses « plus prononcées dans les Amériques et en Asie ». Cependant, le rapport met en garde sur le fait que l’augmentation pourrait être due à une identification plus efficace, plutôt qu’à une augmentation du nombre de personnes victimes de traite.