Le pape François  lors de la messe de l’épiphanie dimanche 6 janvier au Vatican. / VINCENZO PINTO / AFP

Le pape François a interpellé, dimanche 6 janvier, les dirigeants européens pour qu’ils accueillent enfin 49 migrants, dont plusieurs enfants, ballottés en Méditerranée depuis plusieurs jours.

Devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre à l’occasion de la traditionnelle prière de l’angélus, le souverain pontife a lancé :

« J’adresse un appel pressant aux dirigeants européens afin qu’ils fassent preuve de solidarité concrète à l’égard de ces personnes. »

Ces migrants bloqués à bord de deux navires d’ONG allemandes, Sea-Watch et Sea Eye, tout près des côtes maltaises, ont entamé ce week-end leur deuxième semaine en Méditerranée pour certains, leur troisième pour d’autres, sans qu’aucune solution ne soit en vue.

L’Italie et Malte restent intraitables

L’Italie et Malte ont confirmé dimanche qu’elles n’avaient aucune intention d’autoriser ces deux navires à accoster. « En Italie, plus personne n’arrive. C’est la ligne et elle ne changera pas », affirme le ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini et patron de la Ligue (extrême droite), dans un entretien dimanche avec le quotidien Il Messaggero. « Les ports italiens sont et resteront fermés », a-t-il réitéré sur Twitter.

Le premier ministre maltais Joseph Muscat a expliqué ne pas vouloir créer de « précédent » en autorisant ces migrants à débarquer, dans un entretien avec Radio One à Malte. « Nous devons trouver un équilibre entre l’aspect humain et la sécurité nationale », a-t-il fait valoir.

La petite île de Malte, située au milieu de la Méditerranée non loin des côtes libyennes et peuplée de 450 000 habitants, redoute, si elle ouvre ses ports, de devenir la principale porte d’entrée des migrants en Europe. « C’est quelque chose qui pourrait créer un précédent et nous devons être vigilants là-dessus », a expliqué le chef du gouvernement.

Car, si on devait accepter sans dire un mot que ces migrants débarquent, alors « les brutes gagneraient », a-t-il assuré, sans désigner personne en particulier. Les relations entre l’Italie de Salvini et l’île de Malte se sont toutefois fortement dégradées depuis que Rome a décidé de fermer ses ports aux migrants. M. Salvini ne cesse de réclamer à Malte qu’elle prenne ses responsabilités en ouvrant ses ports aux bateaux ayant secouru des migrants au large de la Libye, en raison de la proximité de l’île avec ce pays nord-africain.

Des conditions sanitaires déplorables

Dans le reste de l’Europe, les Pays-Bas et l’Allemagne ont indiqué être prêts à accueillir ces migrants, à condition que cette opération se fasse dans un cadre européen, mais aucune décision n’a encore été prise.

Les conditions sanitaires se détériorent pour les migrants à bord du bateau le Sea-Watch 3, au large de Malte le 5 janvier 2018. / FEDERICO SCOPPA / AFP

En attendant un port d’accueil, le Sea-Watch 3, avec à son bord 32 migrants secourus le 22 décembre au large de la Libye, dont trois enfants, était toujours ballotté dimanche au large de Malte, tout comme le navire affrété par l’ONG Sea Eye, transportant 17 migrants.

« La situation devient chaque jour plus instable, le niveau de stress est en train d’augmenter », a déclaré le médecin à bord du Sea-Watch 3, Franck Doerner, dans une vidéo diffusée par l’ONG allemande.

Interrogé par téléphone lors d’une conférence de presse dimanche soir à Malte, le capitaine du Sea-Watch 3, Kim Heaton-Heather, a souligné que certains migrants étaient soignés pour déshydration en raison du mal de mer, qui les fait vomir presque en permanence. Ils sont également « déprimés » car ils n’ont plus l’espoir d’une solution prochaine, a-t-il affirmé.