Pourquoi la Macédoine veut-elle changer de nom ?
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La Macédoine se dirige vers un changement de nom. Les députés macédoniens, à la majorité qualifiée des deux tiers, ont accepté vendredi 11 janvier de rebaptiser leur pays « République de Macédoine du Nord ». Un vote historique qui ouvre la voie à une résolution du litige avec la Grèce, vieux de près de trente ans. Il faut toutefois que les députés grecs approuvent également ce changement de nom avant qu’il ne devienne effectif.

« L’Assemblée de la République de Macédoine a accepté et voté la loi constitutionnelle destinée à mettre en œuvre les amendements constitutionnels » prévoyant le changement de nom, a commenté le président du parlement macédonien, Talat Xhaferi. « Le vote a été obtenu par 81 voix sur 81 présents et aucune contre », a-t-il poursuivi, soit une seule voix de plus que la majorité qualifiée des deux tiers (80 sur 120 députés). La plupart des élus de droite ont boycotté les débats ouverts mercredi, mais plusieurs ont fait défection et voté avec la majorité.

En septembre, l’accord sur le « nom conclu » au mois de juin entre les premiers ministres macédonien et grec, Zoran Zaev et Alexis Tsipras, avait été validé par référendum par les Macédoniens. Mais c’était une victoire en demi-teinte : si le « oui » l’avait emporté avec près de 90 % des voix, la participation s’est avérée très faible, à 36,11 %. Après le vote des députés macédoniens, c’est désormais au Parlement grec de ratifier cet accord, avant que le changement de nom ne soit définitif. Dans la foulée de ce vote, le premier ministre grec a félicité son homologue macédonien « pour la conclusion heureuse du processus visant à réviser la constitution de l’ancienne République yougoslave de Macédoine ».

Usurpation d’identité

La question du nom est à l’origine d’un lourd contentieux irrésolu depuis vingt-sept ans avec la Grèce, pour qui le nom de Macédoine est exclusivement celui de sa province septentrionale. Depuis l’indépendance de « l’Ancienne République yougoslave de Macédoine » – la formulation acceptée par les Nations unies (ONU) et la plupart des organisations internationales –, les Grecs crient à l’usurpation d’identité, à la spoliation d’héritage, notamment celui du roi antique Alexandre le Grand, et ils soupçonnent leurs voisins, majoritairement slaves, d’entretenir des ambitions irrédentistes.

En mesure de rétorsion, Athènes impose son veto à toute tentative de Skopje de rejoindre l’Union européenne (UE) et l’OTAN. Mais la Grèce s’était engagée à lever son veto pour l’adhésion du petit pays balkanique à ces deux institutions s’il acceptait de changer de nom.