Des migrants attendent de partir lors d’un déblaiement d’un camp de fortune le long du canal Saint Martin, dans le centre de Paris, le lundi 4 juin 2018. La police française a évacué environ 500 migrants, principalement des Afghans, mais aussi des Africains, d’un campement de tentes de fortune. / Francois Mori / AP

Plus de 2 000 migrants dorment actuellement dans des campements de rue dans le Nord-Est parisien, un niveau inédit depuis le printemps. Face à cette situation l’Etat s’apprête à créer 1 200 places de mise à l’abri, a-t-on appris vendredi 11 janvier.

Au total 2 039 personnes ont été recensées mercredi par l’association France terre d’asile (FTDA), chargée des « maraudes », avec notamment plus de 800 migrants dans le secteur de la porte de la Chapelle, où des tentes sont entassées sous l’autoroute A1 et près du périphérique. C’est une hausse importante, puisque le mercredi précédent l’association avait recensé 1 728 personnes dans les mêmes campements, en s’appuyant sur une base de deux personnes par tente.

D’autres campements existent, plus petits mais tout aussi insalubres, à Saint-Denis ou porte de Clignancourt, ou encore porte de la Villette, où des migrants, soudanais notamment, ont planté leurs tentes au milieu de la circulation, sur un rond-point jonché de déchets et de gravats.

+ 45 % de demandeurs d’asile

Interrogée par l’AFP, la préfecture de région a souligné que l’Ile-de-France avait connu « une augmentation de 45 % du nombre de demandeurs d’asile » en 2018, contre « 20 % au niveau national », ce qui a « saturé les centres d’hébergement pour migrants ». « Face à cette réalité, le gouvernement va renforcer ces prochains jours les moyens d’hébergement des demandeurs d’asile. Ainsi 1 200 places de mises à l’abri pour migrants vont ouvrir très prochainement en Ile-de-France grâce au soutien du ministère de la cohésion des territoires », a affirmé le préfet Michel Cadot.

Les campements avaient quasi disparu de Paris après l’évacuation, en juin, de celui du Millénaire, installé près de la porte de la Villette. Les forces de l’ordre ont tenté depuis d’empêcher toute reformation en délogeant les migrants dès leur installation, les rendant quasi « invisibles », selon les associations, qui ont alerté sur le problème à la fin décembre. « Des milliers de personnes (…) se partagent les interstices des villes », avaient affirmé quatorze ONG, dont Médecins sans frontières et le Secours catholique, dans une tribune commune, accusant l’Etat de « mise en danger délibérée » des migrants.

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