Le site américain TechCrunch, spécialisé dans les nouvelles technologies, révèle jeudi 10 janvier que le moteur de recherche Bing permettait, jusqu’à très récemment, d’accéder aisément à des contenus pédopornographiques. Lancé il y a près de dix ans par Microsoft, Bing est aujourd’hui l’un des moteurs de recherche les plus utilisés au monde.

Alerté du problème par un internaute anonyme, TechCrunch a fait appel à la start-up AntiToxin, qui travaille sur des systèmes visant à protéger les enfants des prédateurs sexuels, pour enquêter – car pas question pour ses journalistes d’effectuer eux-mêmes ces recherches problématiques. TechCrunch prévient d’ailleurs ses lecteurs :

« Ne cherchez pas les termes évoqués dans cet article sur Bing ou ailleurs, ce serait illégal. AntiToxin est très encadrée juridiquement et travaille avec les autorités israéliennes pour effectuer ses recherches correctement et soumettre ses conclusions aux forces de l’ordre. »

Des suggestions de mots-clés

Les résultats de cette enquête, menée entre le 30 décembre et le 7 janvier à partir de mots-clés anglais, sont accablants. Des termes comme « porn kids » (« enfants porno ») ou « nude family kids » (« enfants famille nus ») « font tous ressortir des images illégales d’exploitation sexuelle d’enfants » dans l’onglet « images » de Bing, déplore TechCrunch. En précisant que les mêmes mots-clés ne font pas ressortir d’images « clairement illégales » sur Google.

AntiToxin s’est intéressé aux mots-clés liés à Omegle, un site permettant de discuter par vidéo avec des inconnus choisis au hasard, et utilisé par des mineurs. Et a remarqué à cette occasion qu’il arrivait à Bing de suggérer des mots-clés menant à des contenus pédopornographiques. Ainsi, quand un internaute recherche le terme « omegle kids » (« enfants omegle »), Bing lui suggère automatiquement des mots-clés comme « omegle kids girls 13 » (« omegle filles 13 ans »), par exemple.

Quand une de ces images est sélectionnée, Bing va même jusqu’à en suggérer d’autres du même type

« Les résultats comprennent des images (…) de filles et de garçons mineurs posant nus ou partiellement nus, et prenant part à des actes sexuels variés, seuls ou avec d’autres, impliquant d’autres mineurs ou/et des adultes », écrit AntiToxin dans son rapport. Quand une de ces images est sélectionnée, Bing va même jusqu’à en suggérer d’autres du même type à l’internaute.

Bing est bien capable de reconnaître certaines requêtes comme problématiques : « omegle child porn » (« pédopornographie omegle ») ne donne par exemple aucun résultat. Mais son système est aisément contournable : le terme « omegle CP » (CP signifiant « child porn », soit pédopornographie), donne, lui, des images pédopornographiques.

« Inacceptable »

« Ces résultats sont clairement inacceptables et ne correspondent pas à nos standards et à notre règlement », a répondu un responsable de Bing, Jordi Ribas, à TechCrunch. « Nous avons réagi immédiatement pour les supprimer, mais nous voulons éviter tout autre problème de ce type à l’avenir. » L’entreprise a assuré à TechCrunch qu’elle avait mis en place une équipe dédiée à cette question.

« Toutefois », précise le site américain, « AntiToxin a constaté que si certains termes de recherche mentionnés dans son rapport avaient été correctement nettoyés, d’autres font toujours remonter des contenus illégaux. »